Il n’y a désormais plus l’ombre d’un doute : la France vient de se ranger, avec armes et bagages, aux côtés du Royaume de Mohamed VI, s’agissant du règlement de la question sahraouie, qui relève pourtant de la décolonisation, comme le rappelle annuellement la quatrième commission éponyme des Nations unies. Le président Macron vient de rendre publique la lettre d’allégeance qu’il a adressée au Roi du Maroc, dans laquelle il l’assure du soutien franc et net de son pays à sa « souveraineté » sur le Sahara occidental. Certains diront que ce n’est pas vraiment nouveau, dès lors que Paris a toujours exprimé son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc, depuis 2007. C’est en partie vrai, mais en partie seulement. La France a certes apposé son visa pour cette « solution », mais pas de façon exclusive. Soucieuse de respecter le droit international, elle a toujours nuancé le propos, par la formule « l’une des solutions conformément à la légalité internationale ». Mais jamais le pays de Macron de s’était laissé aller à un appui aussi clair et catégorique sur cette histoire de « souveraineté » marocaine. Pis encore, Macron a assuré et rassuré Mohamed VI que son pays allait « agir en cohérence avec cette position à titre national et au niveau international (…) À ce titre, je considère que le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. Aussi, je vous affirme l’intangibilité de la position française sur cet enjeu de sécurité nationale pour votre Royaume ». Voilà qui a le mérite d’être clair, même si cette nouvelle position constitue un coup de poignard dans le dos du peuple sahraoui et de l’Algérie, qui fait de la défense du droit de celui-ci à son autodétermination un principe scellé et non négociable, en témoigne sa réaction ferme et tranchante contre le Royaume d’Espagne, qui a pris la même décision en 2021. Pour la France, l’autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine, « constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ». Paris pousse le bouchon encore plus loin, puisqu’elle s’engage à « accompagner » le Maroc dans son plan de « développement économique et social de cette région et l’accompagnera dans cette démarche au bénéfice des populations locales ». Et au diable le respect des droits de l’homme et la légalité internationale ! « Il est temps d’avancer » : cette formule de Macron souligne le changement de cap de la France, décidée à opter pour la Realpolitik en faveur du Maroc, quitte à froisser le grand voisin. L’Hexagone a ainsi choisi son camp. À l’Algérie de prendre acte de ce dangereux rebondissement, qui va sans doute complexifier la question, à fortiori dans la perspective du retour de Trump aux affaires aux États-Unis.
Par Imane B.
Partager :