Reportée à plusieurs reprises pour des raisons politiques liées à des considérations souveraines propres à l’Algérie, la visite d’Etat de Abdelmadjid Tebboune, prévue en automne prochain, n’est plus à l’ordre du jour, du moins à moyen terme. Dans un langage purement diplomatique, Ahmed Attaf, l’a affirmé hier lors d’une conférence de presse, en indiquant que la visite est « sérieusement compromise ». « Macron a tout fracassé chez lui en sabordant sa majorité relative au parlement et en convoquant des législatives anticipées, qu’il a perdues ; maintenant il s’attèle à mettre les dernières touches à son entreprise de démolition en Afrique du nord, après avoir ruiné l’héritage de la France en Afrique subsaharienne. Si tel est le funeste dessein de Paris et bien qu’il continue, le travail de destruction est presque achevé », a commenté auparavant le site d’information Tunisie numérique dans un article consacré à « la décision surréaliste et complètement irrationnelle de Paris de s’aligner sur le plan d’autonomie de Rabat dans l’épineux dossier du Sahara occidental ». « Qu’est-ce que le président français Emmanuel Macron va y gagner ? Pourquoi diable il a rompu des décennies de neutralité sur une affaire que tous les partenaires de l’Algérie, même les USA, manipulent avec une extrême précaution », s’était interrogé l’auteur de l’article. Des questions posées à juste titre d’ailleurs devant lesquelles l’Elysée est aujourd’hui en panne de réponses. « La position française ne nous a pas été favorable et n’a pas contribué positivement à la réalisation de cette visite, compte tenu de la gravité des développements résultant de cette décision française. Ces développements sont susceptibles de porter atteinte à la solution pacifique et politique de la question sahraouie, ainsi qu’à la sécurité et à la stabilité de la région », a souligné le chef de la diplomatie algérienne. Il y’a de souligner que la décision de M. Macron a encore aggravé l’état de division de la classe politique française. « La gauche a vivement critiqué le renforcement du soutien de la France au plan marocain pour le Sahara occidental, aussi bien sur le fond que sur les circonstances politiques entourant ce geste, tandis que les droites l’approuvaient ». « Emmanuel Macron trahit la position historique et équilibrée de la France sur les droits du peuple sahraoui comme sur les résolutions de l’ONU », a écrit sur X le secrétaire général du Parti communiste Fabien Roussel, accusant le chef de l’Etat d’ouvrir une « crise diplomatique grave ». M. Macron a donc fait un choix, mais un choix à quel prix ?
Mohamed Mebarki
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