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Visite du président Tebboune à Paris : La prudence d’Ahmed Attaf

C’est un fait assez rare pour être souligné : le chef de la diplomatie algérienne a animé, hier mercredi, un point de presse, au lendemain de la décision prise par l’Algérie de rappeler son ambassadeur à Paris « avec effet immédiat », afin de protester contre l’initiative de la France de soutenir désormais le plan d’autonomie du Sahara occidental tracé par le Maroc au mépris de la légalité internationale. Une des questions, prévisible du reste, porte sur la visite du président Tebboune à Paris, fin septembre ou début octobre prochain. Est-elle maintenue ou annulée ? « La visite du président Tebboune à Paris est comprise dans les conséquences qui découlent de la décision française, que nous continuons d’examiner », réagit d’abord le ministre des Affaires étrangères. Puis d’apporter cette précision de taille, qui donne une indication quant au sens dans lequel les choses vont évoluer : « Il va de soi que la décision française est un mauvais signal, dans la perspective de cette visite. » S’agissant de possibles « mesures économiques » de l’Algérie en représailles contre la France, à l’instar de ce qui avait été fait avec l’Espagne, Attaf s’interdit de faire de la « politique-fiction ». « La première décision que nous avons prise est le retrait de notre ambassadeur, ce qui est en soi assez significatif dans l’échelle des usages diplomatiques, mais nous sommes encore en phase de tirer d’autres conclusions », insiste l’intervenant, qui fait montre de circonspection et de réserve. Il est vrai qu’en diplomatie, davantage que dans d’autres secteurs, chaque mot a un sens précis et doit être pesé et soupesé avant d’être prononcé, sachant qu’une communication non maîtrisée, surtout à ce niveau, pourrait prêter à conséquences. Y a-t-il un lien en termes de timing entre la décision française de donner son onction au plan marocain et le récent événement qui a secoué le nord du Mali ? Ahmed Attaf s’est montré irrité par ce type de lecture, excluant toute connexion entre les deux faits, malgré leur proximité temporelle. Il en profite néanmoins pour réitérer la position de l’Algérie en affirmant que « le gouvernement algérien reste disposé à fournir les efforts politiques nécessaires pour apporter des solutions durables dans cette région du Sahel ». « L’Algérie a toujours présenté des solutions politiques pour cette région, avec l’objectif de résoudre les conflits de manière permanente, comme cela a été le cas pour le Mali, où l’accord d’Alger a présenté une feuille de route palpable, une solution politique au conflit, mais aussi garantissait la souveraineté territoriale du Mali », a-t-il déclaré. En rapport avec de possibles « sanctions » contre la France, la question de la relance de « la criminalisation du colonialisme » est posée par un journaliste. Attaf répond d’abord par un rictus, qui en dit long sur son ressenti. Il prend néanmoins le soin d’expliquer qu’il n’est pas de bonne politique de poser cette problématique dans le cadre d’un bras de fer entre l’Algérie et la France. Pour plus de poids et d’audience de cette revendication, que partagent tous les anciens pays colonisés, surtout en Afrique, le chef de la diplomatie algérienne a dit sa préférence pour une démarche internationale, dans le cadre des instances onusiennes. L’Occasion d’ailleurs pour lui d’annoncer que cette question sera l’un des points inscrits à l’ordre du jour du prochain sommet de l’Union Africaine (UA). Une fenêtre d’opportunité donc pour l’Algérie pour faire valoir son approche concernant cette question, qui agite depuis des années le landerneau politique.

H. Khellifi

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