La boxeuse algérienne Imane Khelif affrontera aujourd’hui en quarts de finale la Hongroise Anna Luca Hamori, dans la course pour une médaille olympique. Mais depuis son combat en huitièmes de finale, gagné en moins d’une minute face à l’Italienne Angela Carini, l’Algérienne fait l’objet d’une campagne de dénigrement sans précédent. Avec une audace alimentée par un racisme sournois, des voix se sont élevées dans un ordre de bataille planifié, lui refusant tout simplement le statut féminin, car sa biologie, en particulier son taux de testostérone, n’entre pas dans les normes. « La vérité c’est que nous ne savons rien de mon adversaire hormis une chose : elle n’a rien à se reprocher. C’est une femme qui est là pour faire les Jeux, comme moi. Qui suis-je moi pour la juger ? Ce n’est pas à moi de le faire, c’est aux autres », a commenté son adversaire italienne. De Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres en Italie et ancien ministre de l’Intérieur, qui a jugé sur les réseaux sociaux que la confrontation entre la boxeuse algérienne et la boxeuse italienne « était une gifle à l’éthique du sport et à la crédibilité des Jeux olympiques », à Elon Musk, le propriétaire du réseau social X, qui a partagé avec une mauvaise foi débordante un post de la nageuse américaine Riley Gaines, dans lequel cette dernière a écrit : « Les hommes n’ont pas leur place dans le sport féminin », le monde assiste à un harcèlement ignominieux contre l’athlète algérienne. Même Giorgia Meloni, ou encore Donald Trump se sont mis de la partie pour l’accuser avec une légèreté inouïe d’être un homme ! « Les athlètes présentant des caractéristiques masculines ne devraient pas être autorisés à participer aux compétitions féminines. Il ne s’agit pas de discriminer qui que ce soit, mais de protéger le droit des athlètes féminines à participer à armes égales », a déclaré la présidente du Conseil des ministres italien. « Je garderai les hommes hors du sport féminin », a écrit l’ex-président des États-Unis et candidat aux prochaines élections présidentielles américaines. Une partie des réseaux sociaux et des médias occidentaux sont montés au créneau pour lui nier le droit de participer aux Jeux Olympiques de Paris, au motif qu’elle est « trop forte pour affronter une rivale femme dans une compétition internationale officielle ». Tout cela a amené le porte-parole du Comité International Olympique (CIO), Mark Adams, à réagir officiellement au sujet d’Imane, expliquant que « ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes. Toutes les compétitrices qui participent aux JO, suivent et respectent les règles d’éligibilité ». Mark Adams a souligné que « le test de testostérone n’est pas un test parfait, et que de nombreuses femmes peuvent avoir un taux de testostérone égal à celui des hommes ». Un soutien franc de la part du CIO, qui a indiqué que « tous les athlètes participant au tournoi de boxe des Jeux Olympiques de Paris 2024 respectent les règles d’admissibilité et d’inscription à la compétition, ainsi que toutes les règles médicales applicables fixées par l’Unité en charge de la boxe pour Paris 2024 ». « Comme pour les précédentes compétitions olympiques de boxe, le genre et l’âge des athlètes sont déterminés sur la base de leurs passeports », a-t-il noté dans un communiqué rendu public. Le CIO a précisé qu’Imane Khelif « participe à des compétitions internationales de boxe depuis de nombreuses années dans la catégorie féminine ». Quand Imane Khelif perdait, aucune voix n’est montée pour émettre des doutes sur sa féminité. Où étaient tous ces énergumènes, lorsque les sœurs Williams, les Américaines et Amélie Mauresmo, la Française, participaient aux grands tournois internationaux de tennis ?
Mohamed Mebarki
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