Les prix du poisson atteignent des sommets au marché de la pêcherie du centre-ville de Jijel en ce début du mois d’août. Lors de notre visite, nous avons constaté une hausse significative des tarifs pour plusieurs espèces prisées.
La sardine, autrefois abordable, se vend désormais à 1.000 dinars le kilo. Le merlan et le rouget ont vu leurs prix grimper respectivement à 2.500 et 2.600 dinars le kilo. Les crevettes, quant à elles, atteignent le prix exorbitant de 3.000 dinars le kilo. Cette flambée des prix peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Une demande accrue due à l’afflux de touristes pendant la saison estivale exerce une pression sur les stocks disponibles. Les coûts de transport et de logistique, particulièrement élevés en haute saison, se répercutent sur les prix de vente. Les frais d’exploitation et d’entretien des équipements des pêcheurs et commerçants contribuent également à cette hausse. De plus, la réglementation stricte sur la pêche, visant à préserver les stocks, notamment pour la sardine, limite l’offre face à une demande croissante. La rareté de certaines espèces, comme le rouget et le merlan, combinée à leur popularité culinaire, participe aussi à cette augmentation des prix. Pour les crevettes, le coût élevé s’explique par la difficulté et les frais importants liés à leur capture. Cette situation pose un défi pour les consommateurs locaux et les visiteurs, qui voient le prix des produits de la mer grimper considérablement. Cette hausse des prix n’est pas seulement un phénomène saisonnier, mais s’inscrit dans une tendance plus large de raréfaction du poisson le long de la côte algérienne. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation préoccupante. La surpêche constitue une menace majeure. Les pratiques de pêche intensive, souvent sans respect des quotas et des périodes de repos biologique, épuisent les stocks de poissons. Les espèces marines ont de moins en moins de temps pour se reproduire et se renouveler, entraînant une diminution significative de leur population. La pollution marine joue également un rôle non négligeable. Les rejets industriels, les eaux usées non traitées et les déchets plastiques polluent les eaux côtières, affectant gravement les habitats marins. Cette dégradation de l’environnement perturbe les écosystèmes et réduit la disponibilité des ressources halieutiques. Le changement climatique a aussi un impact sur les stocks de poissons. La hausse des températures de l’eau et les modifications des courants marins peuvent déplacer certaines espèces hors de leurs habitats traditionnels. Enfin, les pratiques de pêche illégale et non réglementée aggravent la situation. Malgré les efforts des autorités, la pêche clandestine reste un problème sérieux. Les filets dérivants, les techniques destructrices et les prises non déclarées contribuent à l’épuisement des stocks. Face à ces prix élevés, les consommateurs doivent parfois revoir leurs habitudes alimentaires ou se tourner vers des alternatives plus abordables. Cependant, pour de nombreux amateurs de fruits de mer, le plaisir de savourer une sardine fraîchement grillée ou des crevettes sautées vaut bien le sacrifice financier. Cette situation transforme peu à peu le poisson, autrefois aliment de base, en produit de luxe.
M. Bouchama
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