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ES Sétif/Club Sportif Amateur : 57 milliards de centimes, objet de convoitise

Le club phare de la capitale des hauts plateaux cultive les paradoxes. Ainsi, les années de vache maigre cèdent la place à l’opulence. Le passage de l’équipe «pro» sous la coupe de Sonelgaz fait désormais du Club Sportif Amateur (CSA), en veilleuse pendant deux longues saisons, un club riche. Plus riche que plusieurs clubs de Ligue 1 Mobilis. Les innombrables subventions provenant de la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJS), de la commune et de la wilaya de Sétif, prêtées par le CSA au club professionnel, s’élèvent à 57 milliards de centimes.

L’importante manne financière fait saliver et ne laisse pas indifférents des membres de l’assemblée générale. Par la faute de certains «aventuriers» mus par des intérêts personnels, cette dernière s’est rétrécie comme peau de chagrin. La preuve : l’assemblée d’une grande institution, aux 27 titres nationaux et internationaux, se retrouve avec uniquement treize membres. En exigeant une cotisation de dix millions de centimes, le comité du CSA prenant en otage un bien collectif a réussi son coup. Sachant que plusieurs membres de l’AG ont baissé pavillon et laissé le champ libre à un groupuscule faisant la pluie et le beau temps au CSA, dormant désormais sur une mine d’or.

L’argent de Sonelgaz fait saliver

Assumant l’actif et le passif, le nouveau propriétaire du club, en l’occurrence le groupe Sonelgaz, n’a pas renié ses engagements. Puisqu’un premier versement de seize milliards de centimes sur les 57 vient de renflouer les caisses d’un club n’existant que sur le papier. Inespérée, cette manne fait, le moins que l’on puisse dire, saliver deux ou trois candidats à la présidence d’une association sous scellés depuis deux saisons. Au lieu de prendre en charge les jeunes catégories de la section football, de relancer le volley, le hand, le basket, la boxe, le judo et l’athlétisme, qui faisaient partie de l’ESS du bon vieux temps, le président d’un invisible club s’est, une nouvelle fois, débiné, au grand dam des sportifs des disciplines précitées. Champion des «fausses» démissions, le numéro un du CSA, qui a décidé de remettre le tablier lors de la dernière assemblée de présentation des bilans moral et financier, s’est ravisé, aux dernières nouvelles. Prévue initialement pour le lundi 12 août prochain, l’assemblée générale élective est décalée au 16 du même mois. La tournure des événements ne passe pas inaperçue et irrite au plus haut point les supporters, qui montent au créneau : «Pour la gouverne du pseudo-président du CSA, l’Entente est le bien de tous les enfants de la wilaya de Sétif et d’Algérie. Au lieu de faire profil bas et de quitter la scène sur la pointe des pieds, ce dirigeant n’ayant aucun antécédent sportif est l’auteur d’une polémique inutile et stérile. Le moment est venu pour rendre le club à ses enfants, ses plus grands serviteurs. Il ne faut plus cacher le soleil avec un tamis. N’ayant plus aucune crédibilité auprès de l’opinion sportive et des supporters en particulier, ces gens n’aiment pas l’ESS mais son argent, qui coule désormais à flots. L’assemblée générale, dont l’aura a franchi les frontières nationales, n’est constituée que de treize individus. C’est une honte, c’est un scandale. La Seule tribune des inconditionnels, la presse, ne devrait pas cautionner cette mascarade s’apparentant à un fait de prince», pestent de nombreux Sétifiens, supporters invétérés des Noir et Blanc.

Le wali de Sétif et le P-D.G de Sonelgaz interpellés

Le remboursement des prêts contractés des années durant par l’ancien conseil d’administration de la SSPA/Blacks Eagles donne des idées à d’«anciens» dirigeants n’ayant pas donné un centime à l’Aigle Noir. Les «postulants» à la présidence du CSA oublient que les prêts remboursés par Sonelgaz sont des deniers publics. Ce n’est pas leur «argent de poche». Craignant sa dilapidation, des fans interpellent les autorités locales, et à leur tête le wali de Sétif, Mustapha Limani : «Après une mise en quarantaine de deux années, on nous sort des dettes de onze milliards de centimes. Une manière de justifier la consommation d’une partie des 57 milliards, le monumental prêt que le nouveau propriétaire s’est engagé à régler rubis sur l’ongle. Ayant fait du tort au club, ces gens doivent partir tant qu’il est temps. Nous lançons un appel au wali de Sétif pour qu’il mette fin à la prise d’otage de l’ESS et faire barrage aux desseins inavoués de ces gens. La direction de la jeunesse et des sports ainsi que la commune de Sétif, les autres principaux pourvoyeurs de subventions devraient s’opposer à cette main mise ne disant pas son nom. Nous demandons par ailleurs au Président-Directeur Général de Sonelgaz, Mourad Adjal, de suspendre les remboursements des prêts tant que le club est toujours détenu par de pseudos-dirigeants entrés par effraction. On n’a pas le droit de confier l’argent public à des gens qui ont fait le vide autour d’eux», fulminent nos interlocuteurs, pas disposés à se taire. Sollicitées, les différentes parties vont-elles réagir et mettre fin à une énième OPA?

Kamel Beniaiche

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