La reconnaissance par la France du « plan d’autonomie du Maroc » pour le Sahara occidental n’est pas restée longtemps sans réponse. L’Algérie a commencé à appliquer les premières sanctions contre les autorités françaises. Selon le journal français Le Canard enchaîné, l’Algérie refuse systématiquement de reprendre les ressortissants qui sont expulsés de l’Hexagone. L’hebdomadaire satirique, citant un haut fonctionnaire français, rapporte que « des dizaines » de ressortissants algériens sans titre de séjour et sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) « effectuent de simples allers-retours en avion ». Dès leur arrivée sur le sol français, ils se retrouvent en liberté. C’est la première conséquence directe de la dégradation visible des relations entre l’Algérie et la France, depuis que le président Emmanuel Macron, a décidé le 30 juillet de ne reconnaître que « le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine » comme solution au conflit du Sahara occidental. Une décision qui exclut de facto toute autre solution, notamment le référendum d’autodétermination proposé depuis près de cinquante ans par l’Organisation des Nations Unies (ONU), mais que personne n’a encore réussi à organiser, malgré les efforts des envoyés onusiens. Lors d’une conférence de presse tenue au lendemain de cette annonce du président français, suivie du retrait de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a précisé que d’autres « mesures » seront prises contre la France, en réponse à sa position. S’il n’a pas précisé la nature de ces mesures, la relation entre les deux pays pourrait être affectée sur plusieurs fronts, à commencer par la circulation des personnes, notamment celle des migrants clandestins, que la France tente de renvoyer dans leur pays d’origine. Sur d’autres sujets sensibles, comme la sécurité, la coopération pourrait également être réduite, voire devenir parcellaire. Les services de sécurité algériens, réputés pour leur expertise dans la lutte contre le terrorisme, notamment au Sahel, pourraient ne plus partager aussi facilement leurs informations avec leurs homologues français. Une situation que les deux pays ont déjà connue à plusieurs reprises ces dernières années, notamment après les déclarations controversées du président français, en octobre 2021, sur le « régime politico-militaire » algérien. L’Algérie avait alors rappelé son ambassadeur, avant que les relations ne s’améliorent à nouveau, suivies d’une autre période de tensions, avant un réchauffement lors de la visite du président français à Alger à l’été 2022. Il en va de même pour les questions de mémoire, sur lesquelles les deux présidents travaillent depuis maintenant deux ans. Les travaux de la commission mixte d’historiens constituée à cet égard sont actuellement gelés et l’incertitude plane sur la visite présidentielle du président algérien en France, prévue aux dernières nouvelles pour fin septembre ou début octobre.
Akli Ouali
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