Les enfants, en quête d’un lieu pour se baigner, sont frustrés. Ils sont déçus car la piscine du parc d’attractions de Sétif n’a toujours pas ouvert ses portes, alors que la saison estivale touche à sa fin. Prévue pour être inaugurée le 5 juillet 2024, lors du 62ème anniversaire de l’Indépendance, cette structure communale est otage d’un conflit entre l’entreprise en charge des travaux et le bureau d’études. Les réserves émises par ce dernier en seraient la cause. Les désagréments subis par ces enfants, victimes collatérales de l’inconscience et de l’irresponsabilité des partenaires de la municipalité, ne semblent pas peser dans la balance, laissant cette dernière les mains liées. Ainsi, les enfants issus de familles nombreuses et démunies, qui n’ont pas les moyens de s’offrir des vacances au bord de la mer, doivent composer avec les « caprices » de l’entreprise, qui agit comme si de rien n’était. Au lieu de terminer les travaux, d’installer le revêtement (béton imprimé) et de permettre aux enfants de la capitale des Hauts Plateaux, ainsi qu’aux visiteurs du parc, de profiter de ce point d’eau, le maître d’œuvre a disparu des radars, au grand désarroi du maître d’ouvrage, en l’occurrence la commune, qui a investi pas moins de 4,5 milliards dans l’opération. « Malgré deux mises en demeure, l’entreprise désignée n’a pas jugé utile d’achever les travaux, qui sont pourtant réalisés à plus de 98 %. Il est bon de rappeler que la pose du béton imprimé ne prend que deux ou trois jours. La municipalité, qui a tenu ses engagements, ne devrait pas être pénalisée par un conflit entre l’entreprise et le bureau d’études. Nous faisons de notre mieux pour finaliser l’opération et permettre à nos enfants de profiter des dernières semaines de vacances dans une piscine rénovée. Nous espérons l’inaugurer le jeudi 15 août 2024 et la transférer à l’office communal de la culture et du tourisme, qui devra en assurer la gestion », souligne Hani Boudjemline, vice-président de l’Assemblée Populaire Communale (APC) de Sétif, en charge des questions techniques et du développement. La tournure des événements ne plaît pas non plus au premier magistrat de la ville, Hamza Belayat : « Il ne faut pas avoir peur des mots. La commune, qui n’a pas lésiné pour renforcer le parc des sports et des loisirs de la ville, se trouve prise entre le marteau et l’enclume. Pour des futilités, nous avons perdu beaucoup de temps. La piscine, qui aurait dû ouvrir le 5 juillet et permettre à des milliers d’enfants de profiter de l’installation, est restée fermée à cause d’un malentendu aussi banal que futile. Nous n’avons pas voulu résilier le contrat car cela prend du temps et pénalise avant tout nos enfants, qui attendent avec impatience la réouverture de la piscine », déclare, non sans dépit, le maire qui fait face à un énorme déficit en structures sportives, notamment en piscines.
Le complexe aquatique patauge
Le cas du parc aquatique de la cité Laid Dahoui, en stand-by depuis des années, est un exemple parfait de ce gâchis. Érigé en lieu et place de l’ancien bidonville qui défigurait la cité Laid Dahoui (du nom d’un preux tombé au champ d’honneur), cette infrastructure, qui a englouti des milliards d’argent public, est aujourd’hui laissée à l’abandon. Lancé en 2010, ce projet s’est transformé en dépotoir et lieu de débauche. Et dire que les gros travaux sont terminés. Le taux de réalisation dépasserait les 70 %. Plutôt que de se pencher sur la question et de finaliser et livrer le projet, les deux précédentes APC ont préféré faire la sourde oreille, au grand désespoir des riverains, lassés par les nuisances et les comportements des oisifs qui ont pris possession des lieux. La tranquillité des habitants de la cité est mise à rude épreuve. Malgré les plaintes, réclamations et doléances des voisins, la situation n’a pas changé d’un iota. « Le sabotage de ce projet est l’exemple type de la dilapidation de l’argent public. Même si elle n’est pas responsable de ce marasme, l’actuelle assemblée est contrainte de prendre en charge l’actif et le passif. Une situation qui perdure depuis de longues années n’agrée personne. On ne peut pas laisser cet espace à l’abandon éternellement. L’APC, engagée sur plusieurs fronts, devrait se pencher sérieusement sur ce dossier », fulminent des habitants exaspérés. Interrogé à ce sujet, Hani Boudjemline estime que le parc aquatique en question est un problème sérieux. « Le parc aquatique de la cité Laid Dahoui est un autre héritage lourd. Ce point noir fait partie des priorités. L’opération est inscrite. Nous ne pourrons établir l’estimation financière qu’après l’approbation de la fiche technique transmise à la Direction des Equipements Publics (DEP) de la wilaya, qui a l’expertise dans ce type de projet. Nous procédons ainsi pour ne pas répéter les erreurs du passé. Ne pouvant colmater toutes les brèches et rattraper le temps perdu en un temps record. L’APC fait de son mieux », précise l’élu, l’autre cheville ouvrière de la municipalité.
Kamel Beniaiche
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