À rebours des projections faites il y a quelques années, l’économie algérienne s’oriente de plus en plus vers le renforcement du secteur public. En plus de la récupération de certaines unités jadis exploitées par les anciens oligarques, les autorités ont créé de nouvelles entités économiques relevant du secteur public. Avant-hier, samedi, le gouvernement a annoncé que trois sociétés relevant du secteur agricole ont été versées dans le domaine privé de l’État. « Suite à la réunion du Conseil des participations de l’État (CPE), tenue le 5 août 2024 et consacrée au règlement définitif du dossier des biens immobiliers et mobiliers confisqués par des décisions définitives de justice dans le cadre de la lutte contre la corruption et le transfert de propriété au profit d’entreprises publiques économiques, le secteur agricole a bénéficié de trois entreprises, dont les actes de transfert ont été signés avec les services du Domaine national pour leur mise en exploitation effective », a indiqué le ministère de l’Agriculture et du Développement rural dans un communiqué. Le document ajoute qu’il s’agit d’une entreprise spécialisée dans la production de viandes blanches et d’œufs, dont la propriété a été transférée au Groupe Agro-Logistique « Agrolog », d’une entreprise spécialisée dans la production de fromages, qui a été rattachée au Groupe Giplait, ainsi que d’une entreprise de production d’huile d’olive, qui relève désormais de l’entreprise de Développement des Cultures Agricoles Stratégiques DCAS. Dans le tourisme, le ministre du secteur, Mokhtar Didouche, a indiqué que son département a récupéré « deux hôtels situés à Alger, lesquels ont été intégrés à l’Entreprise de gestion hôtelière EGH El Djazair, et deux autres hôtels et un complexe touristique (Bungalows) à Azzefoune et Azazga (Tizi Ouzou), intégrés à l’ETK Tizi Ouzou, en sus d’un projet hôtelier au niveau de la wilaya de Ouargla, intégré à l’EGT Ghardaïa ». Il a d’ailleurs demandé à « les relancer » le plus tôt possible. Dans le secteur de l’Industrie, le ministre Ali Aoun a annoncé que l’État a récupéré 23 usines qu’il faut « relancer ». Lors d’une réunion tenue jeudi dernier sur la question, il a demandé à « se rapprocher et de coordonner avec les services du Domaine de l’État au niveau local, en vue d’accélérer la préparation des différents contrats nécessaires à cette opération d’ici dimanche prochain pour finaliser la procédure ». Les deux dernières sociétés qui ont été « récupérées » sont une usine de tuyaux et de canalisations située à Oran et une usine de montage automobile sise à Batna. Mais la récupération de ces entreprises n’est pas la seule nouveauté du secteur économique public. En effet, l’État a créé, au mois de mai passé, une entreprise pour valoriser les produits agricoles. Cette nouvelle entreprise est chargée du développement des cultures stratégiques, notamment les légumineuses, les graines oléagineuses, dont le tournesol, et les arbres résistants, tels que l’arganier et le pistachier, en sus de la multiplication des semences, avait fait savoir le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa. Au total, 174 unités de production agricole, d’une superficie globale de plus de 114.000 hectares de terres cultivables, ont été rattachées à l’entreprise, avec la création de quatre sociétés chargées de quatre filières. Dans le secteur industriel, le groupe Madar continue de mener des investissements importants à travers ses filiales, notamment dans l’emballage et l’impression. Cette holding a également récupéré certaines anciennes entreprises appartenant à la « Issaba », renforçant ainsi un secteur public déjà très fourni en entreprises de tous genres. À M’Sila, une entreprise spécialisée dans la sidérurgie a été rouverte. Cela s’ajoute au soutien constant qu’apporte l’État aux entreprises publiques en difficulté. Est-ce le retour à une économie basée sur les entreprises publiques, au risque de tomber dans les mêmes travers de la mauvaise gestion ?
Akli Ouali
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