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Bidonville de Chouf Lekdad à Sétif : Devant les élus, Limani met les choses au clair

Durant la session marathon de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) de Sétif, tenue le mercredi 14 août, les élus, oubliant le lieu et le moment, semblaient déjà en campagne pour les élections locales à venir, alors que la campagne pour l’élection présidentielle du 7 septembre n’était même pas encore lancée.

Preuve en est, chaque intervention, saturée d’informations erronées, était diffusée en direct sur les réseaux sociaux par des délégués plus soucieux de satisfaire leur public en ligne que de traiter les véritables préoccupations de la wilaya. Ladite assemblée, transformée en tribune par des « partisans » venus exposer les problèmes de leurs localités, a montré les limites d’une représentation politique manquant de sérieux. Les vrais enjeux de la wilaya, dont le corps électoral dépasse le million de personnes, ont été négligés. Au lieu de se pencher sur des sujets cruciaux comme le gel des recrutements dans la fonction publique, le déficit en structures de loisirs et de sports, la question du deuxième centre hospitalo-universitaire, ou encore les projets de double voie Guellal-Aïn Azel et Sétif-Bougaa, les élus se sont dispersés. Parmi les interventions, certaines visaient à détourner les 11 milliards de centimes alloués au festival de Djemila, sous prétexte que le peuple algérien, après tant de souffrances durant la décennie noire, n’aurait plus droit à un moment de bonheur. Ils ont également abordé le sujet sensible du bidonville de Chouf Lekdad, provoquant une vive réaction du wali de Sétif, Mustapha Limani. Sans détour, Limani a répliqué : « La responsabilité nous impose un respect mutuel. Je déplore certaines interventions excessives. Je tiens à vous informer que 95 % des problèmes soulevés sont déjà connus, enregistrés et répertoriés. Le dossier du bidonville de Chouf Lekdad est à la fois lourd et complexe. Son éradication est notre priorité. Je me suis rendu sur place à plusieurs reprises et j’ai écouté les citoyens concernés. Initialement prévu pour le 5 juillet 2024, le relogement d’une partie des habitants a été reporté. Les équipes chargées de l’opération ont terminé le recensement, et nous n’accepterons aucun dépassement ni occupation illégitime. Pour être clairs, seuls les habitants recensés seront relogés. Après consultation du fichier national, un premier groupe de 620 familles sera relogé juste après les élections présidentielles. Nous avons également prévu des solutions pour les personnes âgées et les célibataires. Plus de 700 familles ont exprimé le souhait de rester sur place, dans le cadre de la loi n° 08-15 du 20 juillet 2008, qui fixe les règles de mise en conformité des constructions. Les dossiers de certaines personnes exclues par le fichier national en raison d’un héritage ou d’une propriété seront étudiés au cas par cas, et je veillerai personnellement à ce que justice soit faite. Pour éviter les erreurs du passé, tout relogement sera précédé par la démolition totale des habitations ». Le chef de l’exécutif a ainsi clairement affirmé sa position. Il est à noter que le bidonville de Chouf Lekdad, s’étendant sur plus de 70 hectares à la périphérie nord-ouest de Sétif, est l’un des plus grands points noirs de la wilaya. Déjà éradiqué une première fois en 2007, cette « favela », où les conditions de vie sont indignes, est le symbole de l’anarchie urbanistique et de la complaisance des élus et responsables concernés. Ces derniers ont laissé prospérer les « marchands de sommeil », qui ont transformé Chouf Lekdad en une « promotion immobilière illicite » lucrative. Cette prochaine éradication sera-t-elle la bonne ? Que fera-t-on des terrains récupérés ? Seront-ils offerts à des promoteurs pour qui le profit prime sur toute autre considération ? (Nous reviendrons demain en détail sur les travaux de l’APW).

Kamel Beniaiche

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