Les travaux en plénière de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW), tenue le mercredi 14 août, ont été marqués par un débat indigent et affligeant. Nous avons assisté à des interventions médiocres, qui ne font guère honneur à leurs auteurs. Oubliant qu’ils représentent une wilaya de plus de 2,8 millions d’habitants, certains élus – venus plaider la « cause » de leur localité – se sont distingués par des informations approximatives et erronées. Le déroulement des travaux a été grandement perturbé par les incessants va-et-vient des élus. Le chahut et l’agitation dans les couloirs n’ont échappé à personne. Au volet des ressources en eau, des élus de différents partis se sont « lâchés » dans une diatribe contre leurs camarades et les auteurs du rapport. Par la suite, les membres de l’APW ont procédé à l’adoption de l’ordre du jour, qui comprenait essentiellement le compte administratif de la wilaya pour l’exercice 2023, estimé à 1.956 milliards consommés à 91 %, soit 1.778 milliards. Au chapitre équipement, les recettes ont atteint 1.049 milliards pour des dépenses de 208 milliards, soit un taux de consommation de crédits de 19,86 %. L’excédent de 840 milliards a été versé au budget supplémentaire de 2024, doté de 1.885 milliards pour le volet gestion. Les crédits inhérents au chapitre équipement s’élèvent à 1.438 milliards, auxquels s’ajoutent 1.274 milliards de subventions de l’État. S’ensuivirent des séries de préoccupations soulevées par les élus de chaque localité : routes, gaz, eau, logement, transport scolaire, … etc. Gardant son calme, le wali a choisi de ne pas répondre à certains intervenants qui, manifestement, ne comprennent pas les missions d’un élu d’APW. Certains de ces nouveaux venus en politique, apparemment arrivés par un simple concours de circonstances, ont transformé l’Assemblée en une petite association de quartier où tous les « écarts » sont permis. Parlant pour parler, un orateur a remis en cause la subvention allouée à l’équipement et à la restauration des logements de fonction. Se substituant au directeur de l’Education, un autre élu a demandé au wali de doter ce secteur d’un bus. Un délégué d’une localité du sud de la wilaya a pointé du doigt la « disparité » dans la distribution des subventions, se disant outré par l’« aide » de six milliards accordée à la municipalité de Sétif. D’autres, ne maîtrisant pas les mécanismes de classification des axes routiers et jouant pleinement la carte de la « liberté d’expression », ont trouvé le moyen de critiquer ouvertement le directeur des Travaux publics, qui a, preuves à l’appui, pu calmer l’« ardeur » des réclamants. Un intervenant a par contre soulevé, et à juste titre, la question du montant de la location de l’agence commerciale d’Algérie Télécom (les ex-galeries algériennes), située au cœur de l’artère principale du chef-lieu de wilaya. L’immeuble, d’une grande valeur, mérite bien plus que les 600 millions par an actuellement perçus. Au lieu de parler de la situation actuelle de la culture, un élu, approuvé par d’autres, n’a rien trouvé de mieux que de plaider pour le transfert des 11 milliards réservés au festival de Djemila vers un autre chapitre, comme si les arts n’étaient que de simples accessoires.
« Il faut élever le débat »
« Le développement de notre wilaya est l’affaire de tous. En travaillant en parfaite synergie, la wilaya et l’APW s’efforceront de répondre aux besoins et aux aspirations de nos concitoyens. Il n’est pas possible de répondre à toutes les questions oralement, mais nous le ferons par écrit. Je tiens également à préciser que la collectivité locale ne peut rénover que les écoles primaires, qui relèvent des communes. La réglementation ne me permet pas d’allouer des budgets pour la réhabilitation des établissements d’enseignement moyen et secondaire. Un élu m’a demandé de mettre les nouvelles ambulances à la disposition des structures sanitaires. La réglementation est claire : les ambulances, financées par le budget de la wilaya, seront mises à la disposition des APC », souligne le chef de l’exécutif. Et de poursuivre : « Un autre élu mentionne six milliards, soi-disant octroyés à la commune de Sétif dans le cadre de la Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales. Cette information est totalement infondée. Comme les 58 autres communes, celles de Sétif et El Eulma ont, et auront, droit à des subventions. Il faut élever le niveau du débat. Nous savons que le coût d’un terrain de proximité peut atteindre, dans certains cas, 800 millions. Il n’y a aucun problème à augmenter la dotation de cinq milliards réservés aux terrains de proximité pour dix communes. Les centres de formation professionnelle de Chouf Lekdad et Bougaa font l’objet d’une enquête. En ce qui concerne les aides au logement rural, nous sommes prêts à aller jusqu’à 100 aides par commune. Cependant, le demandeur doit disposer d’une assiette foncière et des pièces justificatives nécessaires. La répartition des quotas de logements sera revue et améliorée. Il est désormais hors de question d’octroyer à une commune un quota de moins de cinquante unités. En matière de ressources en eau, la wilaya n’a pas connu de grandes perturbations. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, il ne faut pas occulter le travail titanesque déjà accompli ». Ne cachant pas sa satisfaction, le président d’APW, Ahmed Badr-Islam Belguet, qui a réussi son coup, abonde dans le même sens : « C’est grâce à l’implication de tous que les points importants inscrits à l’ordre du jour ont été adoptés à l’unanimité. Il convient de préciser que les membres de l’APW ont validé la nouvelle composition des structures permanentes de l’Assemblée, ainsi que la classification et la déclassification de certains axes routiers. Ils ont également approuvé les points inscrits dans le chapitre 979, notamment les aides aux communes. Les crédits concernant le volet équipement et plusieurs opérations de développement s’élèvent à plus de 200 milliards. Au titre du chapitre 105, une subvention de 41 milliards est réservée à la restauration des écoles primaires. Inscrite dans le budget supplémentaire de 2024, une autre subvention, de plus de 92 milliards, sera injectée dans le transfert de gestion de la distribution de l’eau potable des communes vers l’Algérienne des Eaux, actuellement en charge de 37 des 60 municipalités que compte la wilaya ».
Kamel Beniaiche
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