L’Algérie est-elle suffisamment outillée pour assurer sa propre sécurité alimentaire, par ses propres moyens et à moyen terme, à défaut d’un délai plus court ? Estimant qu’il s’agit d’une priorité, d’un objectif stratégique et d’un facteur incontournable pour une souveraineté sans faille, les trois postulants à la magistrature suprême lui ont réservé une place de choix dans leurs programmes, même si sur le plan des réalisations entrant dans ce cadre, c’est Abdelmadjid Tebboune qui semble avoir pris plusieurs longueurs d’avance sur ses deux concurrents, dans la mesure où il en a fait son cheval de bataille, depuis la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de la Covid-19. Lors de l’une de ses rencontres avec les représentants des médias nationaux, il avait longuement évoqué l’apport que pourrait assurer le Sud, tout en appelant les responsables à accorder une plus grande attention à ces régions. « Nous ne nous sommes jamais véritablement intéressés, scientifiquement et techniquement, au Sud », avait-il reconnu. Tebboune a toujours misé sur l’agriculture saharienne, qui a l’avantage selon lui de pouvoir garantir une meilleure productivité en ce qui concerne la céréaliculture. Il est à rappeler que l’Algérie est considérée comme l’un des plus gros importateurs de céréales dans le monde, étant classée à la quatrième place, derrière l’Égypte, l’Indonésie et la Turquie, avec un volume se rapprochant des huit millions de tonnes ! Mais en moins de trois ans, elle a réussi à inverser la tendance. Lors de l’une de ses interventions, le ministre de l’Agriculture, avait assuré que « l’agriculture saharienne occupe 7 % de la superficie globale agricole en Algérie et contribue à hauteur de 26 % dans la production nationale, dont 11 % des céréales, 26 % des légumes et plus de 98 % de la production nationale des dattes ». En Résumé, le candidat à sa propre succession a déjà pris de l’avance en ce qui concerne l’encouragement de la production de la viande locale et la réduction de la facture d’importation, le traitement progressif de la question du manque de lait, la mise en place d’une politique nationale de stockage des produits alimentaires, et la résolution du problème d’irrigation. En ce qui concerne Youcef Aouchiche, il a estimé, lors d’un meeting animé à Tipasa, que « l’Algérie avait tous les moyens pour réaliser sa sécurité alimentaire ». En plus de la création d’une agence nationale de sécurité alimentaire, l’encouragement de la production locale, le soutien à l’agriculture de montagne, l’arboriculture et le développement de coopératives agricoles, le candidat du FFS s’est notamment engagé à « créer des pôles agricoles dans toutes les régions du pays » et à accompagner et à soutenir les agriculteurs pour assurer la disponibilité du produit, lutter contre la spéculation, et assurer la stabilité des prix. Il a également proposé de « renforcer les filières de production animale et d’améliorer la gestion du foncier agricole ». Quant au candidat de la mouvance islamiste, représentée par le parti MSP, il a proposé un plan national de sécurité alimentaire et plaidé pour un développement intensif des agricultures stratégiques, ainsi que l’adoption d’un système de recensement et de protection de la faune et la flore. Hassani Cherif a également mis en relief la nécessité de la mise en place de pôles agricoles intégrés, outre l’encouragement de la mise en place de groupes d’activités intégrés dans les secteurs de conditionnement et de transformation de l’agroalimentaire.
Mohamed Mebarki
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