Abderazak Mokri n’a visiblement pas accepté la décision du MSP de choisir Abdelaali Hassani Chérif comme candidat à l’élection présidentielle du 7 septembre, une place qu’il estimait lui revenir de droit, se croyant le plus légitime et mieux placé pour porter l’étendard du parti. Privé d’une exposition médiatique en raison de ce choix, alors qu’il est connu pour ses « punchlines » et ses petites phrases percutantes, il s’est livré avec une légèreté déconcertante à une dangereuse manipulation des propos du président de la République, prononcés lors de son premier meeting de campagne à Constantine. Mokri, reconnu dans la mouvance islamiste pour ses surenchères politiciennes sur la tragédie palestinienne, a publié sur sa page Facebook une lettre adressée au président de la République. Dans celle-ci, il lui attribue des propos pour le moins fantaisistes, susceptibles de provoquer de graves tensions entre l’Algérie et certains pays arabes, notamment l’Égypte, ainsi qu’avec tous les pays membres de la Conférence islamique. Si, par cette manipulation grossière et immorale, il cherchait simplement à faire parler de lui, Mokri a réussi son coup avec brio, compte tenu du retentissement de sa sortie délirante, en particulier sur les réseaux sociaux, où il a été sévèrement critiqué pour la dangerosité de ses propos, qui relèvent de la pure fabulation. À Constantine, lors de sa première sortie sur le terrain, le candidat Tebboune a effectivement évoqué la possibilité d’envoyer des éléments de l’Armée Nationale Populaire (ANP) en Palestine, à condition que les autorités égyptiennes acceptent d’ouvrir le passage de Rafah. Cependant, il ne s’agissait pas d’envoyer des soldats algériens à Ghaza pour combattre, ce qui serait contraire à la doctrine militaire algérienne, mais plutôt de construire « trois hôpitaux de campagne » en quelques jours, pour venir en aide aux victimes des bombardements israéliens et pour participer à l’effort de reconstruction de Ghaza. Ainsi, dans la bouche du candidat Tebboune, qui avait d’ailleurs tenu des propos similaires lors de la dernière foire d’Alger, au stand de l’ANP, il s’agissait d’une mission strictement humanitaire, ni plus ni moins, contrairement aux élucubrations de Mokri, qui ne supporte pas d’avoir été mis à l’écart par son parti. Ce dernier a d’ailleurs fini par réagir pour dissiper toute ambiguïté. Hier mercredi, lors de son passage au forum d’El Moudjahid, le candidat Abdelaali Hassani Chérif a précisé : « La position officielle du parti est exprimée uniquement par le candidat lui-même et les membres de la direction de campagne, en dehors de ces personnes, toute déclaration n’engage que son auteur », tout en se félicitant de « la volonté du président Tebboune de venir en aide aux frères palestiniens ». Quant à Abdelkader Bengrina, qui entretient de vieilles rancunes envers Mokri depuis l’époque où ils étaient tous deux au même parti, il n’a pas mâché ses mots, dénonçant l’« irresponsabilité » de cette lettre. Lors de son meeting d’hier à Timimoun, il a déclaré : « Les mêmes personnes, qui se considèrent comme des gardiens de la conscience de la Oumma, manœuvrent pour entraîner notre armée dans une voie non constitutionnelle ». Il a ensuite ajouté : « Ils décontextualisent et déforment une déclaration à laquelle ils attribuent une signification dangereuse, susceptible d’avoir des conséquences incommensurables sur la stabilité et la sécurité du pays ». Le président du Mouvement El Bina, sans citer directement Mokri, l’a qualifié de « Guezana » (sorcière, NDLR), tout en ironisant sur son prétendu leadership.
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