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Insalubrité au souk Andérioli de Sétif : Une « décharge » au cœur de la ville

L’absence de contrôle, l’inconscience des marchands pour lesquels l’hygiène est un détail négligeable, ainsi que l’indifférence de la commune de Sétif en tant que propriétaire des lieux, plongent le souk Abacha Amar dans un abîme sans fond. Le silence des consommateurs, qui continuent à faire leurs achats dans cette insalubrité, ne fait qu’aggraver la situation. Appelé communément « souk Andérioli », cet endroit, accueillant quotidiennement des milliers de personnes à la recherche de « bonnes affaires », est une véritable plaie. Choqués par cette descente aux enfers qui ne dit pas son nom, certains consommateurs se sont rapprochés de notre rédaction pour tirer la sonnette d’alarme, estimant que la situation ne fait qu’empirer. « La ville de Sétif est tombée si bas. La situation lamentable du souk Abacha, pourtant situé en plein centre-ville, illustre le degré de délabrement dans lequel se trouve cette grande agglomération pourtant connue pour son dynamisme. Il est facile de blâmer la municipalité et les services chargés de la gestion des déchets, mais les marchands sont les principaux responsables de cette insalubrité. Se croyant tout permis, ils ont transformé le lieu et ses alentours en un immense tas d’ordures dégageant des odeurs nauséabondes et pestilentielles. L’absence de contrôle sur les produits vendus encourage les marchands à faire n’importe quoi. Paradoxalement, des milliers de consommateurs, comme si de rien n’était, se bousculent pour faire leurs emplettes dans une absence totale d’hygiène. Le fameux rapport qualité/prix est une illusion. Dans ce souk où les prix sont relativement bas, la qualité des fruits et légumes laisse à désirer. Ici, le client n’est pas roi. Le vendeur se permet le luxe de vous refourguer une marchandise de dernier choix, et vous n’avez rien à redire », se plaignent nos interlocuteurs. « En l’absence d’un gérant ou d’un responsable en charge du respect des règles et de la préservation du souk, qui a pourtant été réhabilité il n’y a pas si longtemps, les commerçants se disputent les espaces en les occupant illicitement, y compris les couloirs réservés aux citoyens, laissant à peine de quoi se déplacer. Les sols sont quotidiennement jonchés de détritus, sans parler des déchets qui s’accumulent devant les portes d’entrée et de sortie. L’absence de culture de l’hygiène et de la propreté est telle que tout le monde s’en fiche. Ces pollueurs n’hésitent pas à transformer l’espace situé derrière le siège de la chambre de l’industrie traditionnelle et des métiers en un grand dépotoir. La municipalité de Sétif, la direction de l’Environnement et les différents acteurs chargés du nettoyage devraient se pencher sur ce problème, car il s’agit de la santé, du bien-être et du cadre de vie des citoyens. Franchement, la ville de Sétif ne mérite pas cela », précisent des consommateurs qui ont tenu à dénoncer ce point noir.

Réalité amère

Interpellés, plusieurs marchands se défendent : « A propos de tous ces sujets brûlants qui concernent le quotidien du souk, nous sommes outrés par une telle situation qui défigure notre lieu de travail. Sans l’implication directe de la commune, qui devrait placer le souk sous la responsabilité d’un gérant doté de tous les moyens humains et matériels, nous ne pouvons assumer seuls la propreté des lieux. Nous ne pouvons pas nous substituer à des vigiles et former une brigade d’agents de nettoyage dans chaque coin du marché. Nous reconnaissons que certains commerçants ne font absolument rien pour veiller à la propreté de leur lieu de travail. Les habitués du souk n’éprouvent aucune gêne à circuler dans cette marée de saleté », soulignent des vendeurs qui se disent otages des méfaits de certains de leurs collègues. Le manque d’hygiène incommode autant les consommateurs que les riverains, qui ne savent plus à quel saint se vouer. « Plusieurs correspondances ont été envoyées aux responsables, et plusieurs articles ont été publiés dans la presse, mais la situation n’a pas changé d’un iota », nous confient des habitants de la cité des 130 logements, située en face du souk. Et de marteler : « Des vendeurs sans vergogne ont installé leurs étals non loin des bâtiments, et cela nous importune énormément. Nous avons l’impression d’avoir les pieds et le nez dans une décharge publique. Les mouches, les moustiques et les rats mettent notre santé en danger. Nous interpellons une fois de plus les autorités pour qu’elles mettent fin à cette ignominie ». Pour connaître l’autre son de cloche, nous avons contacté Hani Boudjemline, vice-président chargé du technique et du développement au sein de la commune de Sétif : « À l’instar d’autres espaces du genre, le souk Abacha est une véritable épine. Propriété de la municipalité, le terrain vague attenant au souk aggrave la situation. Afin d’éradiquer l’informel et de mettre un terme au calvaire des habitants des 130 logements, l’agence foncière a proposé à l’assemblée communale un projet d’un montant de plus de 250 milliards. Ce projet, qui comprend un centre commercial de haut standing, des espaces de sports et de loisirs, ainsi que des logements promotionnels, se trouve actuellement au niveau de la wilaya. Nous prévoyons d’inscrire, au titre du budget primitif de l’année 2025, une opération d’amélioration urbaine au profit des 130 logements », souligne l’élu.

Kamel Beniaiche

photo archives

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