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Mali : Le nord du pays s’enfonce dans le chaos

Les images sont insoutenables : des corps d’hommes et d’enfants gisent, inanimés, entre les détritus et en partie couverts par le sable. La frappe par un drone turc, effectuée hier dimanche 25 août par l’armée malienne, à une trentaine de mètres de la frontière algérienne, a fait une vingtaine de morts parmi les civils touareg.Dans un communiqué rendu public, le Cadre permanent pour la Défense du peuple de l’Azawad a fait état d’au moins 21 morts, dont onze enfants, des dizaines de blessés et d’importants dégâts. Cette attaque a été effectuée par « plusieurs drones » de fabrication turque, annonce le document. Des sources locales, notamment du côté algérien, ont commencé hier en début d’après-midi à diffuser des images particulièrement choquantes de corps gisant par terre et de destructions de tous genres, devant une population médusée. Sous l’œil des militaires algériens qui veillent sur la frontière, des blessés ont même été transférés vers des structures sanitaires nationales à Tinzaouatine. Cette attaque est expliquée par des activistes maliens, issus notamment de l’opposition, comme une « vengeance » de Bamako, suite à la perte, il y a deux semaines, d’une cinquantaine de soldats lors des combats contre les combattants des coalitions de l’Azawad, pays des Touareg. Lors de ces combats, les Forces Armées Maliennes (FAMA) et leurs soutiens du groupe russe Wagner avaient perdu au moins une soixantaine d’éléments, auxquels s’ajoutent des dizaines de blessés et de prisonniers. Parmi les militaires tués, certains sont des étrangers, appartenant notamment au groupe paramilitaire russe « Africa Corps ». Pour venger cette défaite, les autorités maliennes se sont appuyées sur l’aide de leurs homologues du Niger et du Burkina-Faso.Cette nouvelle attaque malienne dans l’extrême-nord du pays va certainement raviver encore davantage les tensions existant dans la région. Alors que les Accords de paix et de réconciliation d’Alger avaient réussi à faire entrer les groupes touareg dans le processus inclusif, puisqu’ils avaient accepté, malgré eux, de négocier un statut à leur région, dans le cadre de l’unité malienne, mais les putschistes au pouvoir à Bamako ont tout fait capoter. Depuis l’an dernier, ils ont dénoncé de manière unilatérale ces accords et ont replongé leur pays dans un nouveau bain de sang. À la place, Assimi Goïta, chef de la junte au pouvoir à Bamako, a proposé un « dialogue intermalien » inclusif. Sauf que plusieurs mois après cette initiative, les FAMA et leurs protecteurs de Wagner ont fait quasiment le contraire : ils ont mené des incursions particulièrement violentes contre des villes du Nord, dans le but de les « reconquérir » et de « rétablir la souveraineté de l’État » sur ces zones. Mais leurs manques de professionnalisme et de moyens, mélangés à une soif de vengeance, ont provoqué plusieurs drames, puisque des populations civiles ont été attaquées.Pour riposter, les rebelles touareg, regroupés autour d’un même organisme, ont mené des contre-attaques. Désormais, ils refusent de s’inscrire dans un nouveau processus politique et réclament une indépendance de leurs vastes territoires. Rien n’indique que le bout du tunnel sera prochainement visible, dans un pays plus que jamais divisé et en proie à des groupes terroristes, qui aggravent une situation déjà très délicate.

Akli Ouali

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