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Nommés pour gérer des entreprises saisies : Des administrateurs devant la justice

Un procès singulier s’ouvre aujourd’hui mardi, au tribunal de Sidi M’Hamed d’Alger. Il concerne des administrateurs judiciaires nommés par le juge d’instruction pour assurer la pérennité des entreprises saisies par le tribunal, après l’arrestation de leurs propriétaires, d’anciens oligarques actuellement incarcérés pour corruption. Selon le journal Echourouk, qui a rapporté l’information hier lundi, citant des « sources judiciaires proches de l’enquête », ces administrateurs auraient mené une gestion catastrophique des entreprises qu’ils dirigeaient, tout en s’octroyant des salaires exorbitants, de 400 millions de centimes par mois, sans en référer à l’autorité de tutelle. Ce matin, les accusés doivent comparaître devant le juge de la deuxième chambre du pôle économique et financier de Sidi M’Hamed, pour répondre des chefs d’accusation de « corruption » et de « dépassements dans la gestion des entreprises ».Les entreprises concernées par ces saisies judiciaires appartiennent à Global Group de Hassan Arbaoui, et SOVAC, de Mourad Eulmi, Ali Haddad, les frères Kouninef, et Mahieddine Tahkout. Dans leur lettre de mission définissant le plan d’action, ces administrateurs devaient en premier lieu récupérer les fonds publics empruntés auprès des banques par les oligarques, maintenir l’activité, voire augmenter le chiffre d’affaires en boostant la production, mais surtout préserver l’emploi des milliers de salariés de ces entreprises. Ces dernières, qualifiées de « stratégiques », opèrent dans divers secteurs, tels que les travaux publics, les ressources en eau, la production de ciment, l’industrie de transformation dans la pétrochimie, l’électricité, l’agroalimentaire, les chaînes de montage de véhicules et d’appareils électroménagers, la sidérurgie et les services. Toujours selon la même lettre de mission, les administrateurs judiciaires devaient également respecter les engagements contractuels des entreprises récupérées, qui fortes de leur bonne santé financière au moment de leur reprise par l’État sur décision de justice, devaient également être introduites en bourse. Cependant, au lieu de renforcer le tissu industriel, en récupérant leurs moyens de production, ainsi que leurs ressources humaines et foncières, ces fleurons sont aujourd’hui en panne et en faillite, et des milliers de travailleurs ont été licenciés, tout en accumulant plusieurs mois d’arriérés de salaires, selon Echourouk. Les accusés, qui occupaient également la fonction de commissaire aux comptes, se retrouvent aujourd’hui devant le juge et sont confrontés à de très lourdes accusations, notamment « gestion illégale des fonds et du patrimoine des entreprises saisies judiciairement », « mauvaise utilisation de la fonction, en violation de la réglementation en vigueur dans le but d’octroyer des avantages indus à autrui », et « dilapidation des deniers publics ».

H. Khellifi

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