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Instabilité au Sahel : Wagner, Blackwater… des milices au service des États

Lundi passé, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations-Unies, Amar Bendjama, a appelé depuis Genève à « mettre un terme aux violations des armées privées utilisées par certains pays ». Il faisait référence aux attaques meurtrières menées par les autorités maliennes, aidées par le groupe russe Wagner, contre des populations touareg du nord du Mali. C’est d’autant plus grave que « ceux qui ont appuyé sur le bouton n’ont de comptes à rendre à aucune partie. », a encore ajouté le diplomate algérien. Cette déclaration de Bendjama, qui exprime ainsi l’agacement de l’Algérie face à ce qui se passe dans le Sahel, est en réalité un cri d’alarme contre le recours de certaines puissances mondiales à des milices privées dans les guerres. Wagner aujourd’hui, Blackwater ou la main rouge d’hier, ces groupes militaires, créés et gérés directement par les États, ont ceci de commun : ils ne sont redevables de rien et peuvent à peu près tout faire, jusqu’à organiser des assassinats ciblés ou des massacres de populations civiles. En effet, cela fait plusieurs années que le groupe Wagner, du nom d’une passion du dictateur nazi Adolph Hitler, est présent dans le Sahel. Du Soudan en Libye, en passant par la République centrafricaine, avant d’arriver au Mali et au Burkina Faso, ce groupe paramilitaire, que supervise directement l’État russe, a deux objectifs : protéger les régimes politiques et engranger un maximum de gains, en exploitant les richesses de ces pays. C’est d’ailleurs comme cela que Wagner se retrouve aujourd’hui à exploiter des mines d’or et d’autres minerais précieux dans ces pays. Pour protéger leurs clients, les miliciens de Wagner n’hésitent pas à tuer des populations entières et ne se soucient guère de la stabilité politique de ces États très faibles. C’est d’ailleurs pour cela que le président Abdelmadjid Tebboune avait indiqué en décembre 2022 au journal français Le Figaro que « l’argent que coûte cette présence serait mieux placé et plus utile s’il allait dans le développement au Sahel ».La filière russe du groupe Wagner, devenue depuis 2023 Africa Corps, n’est pas seule dans le monde. Auparavant, les Américains avaient autorisé la société militaire privée Blackwater à protéger des installations stratégiques et des entreprises américaines en Irak. Les agents de cette entreprise ont largement dépassé cette prérogative, puisqu’ils se sont adonnés à des massacres et des actes de tortures sur des civiles, sans que leur responsabilité ne soit évoquée. Pis, les autorités américaines se dédouanent de tout dépassement en les mettant, en plus des crimes commis, sur le dos de la société privée. Dans les années 1950, l’administration coloniale française avait créé un groupe terroriste nommé « la main rouge ». Travaillant sous les ordres des officiers de l’armée régulière et surtout du Service de Documentation Extérieure et de Contre-espionnage (SDECE), les éléments de cette branche criminelle ont assassiné des militants nationalistes marocains et tunisiens, sans que la responsabilité de l’État français ne soit jamais évoquée. Ce groupe a été dissous en 1962, mais des années plus tard, le monde apprendra que le groupe terroriste recevait parfois des ordres des hautes autorités de l’État, dont certains Premiers ministres français. C’est pour cela que ces groupes doivent être intégrés dans le gotha de ceux qui peuvent être accusés de crimes de guerre ou de crimes contre l’Humanité.

Akli Ouali

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