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Spéculation : Sérieuse mise en garde de Tayeb Zitouni

Tayeb Zitouni a donné hier le coup d’envoi d’une opération d’exportation de sacs en papier, d’une valeur de 115.000 dollars, vers trois pays arabes : les Émirats arabes unis, le Qatar et le Bahreïn. Au-delà de la sortie du ministre du Commerce à cette occasion, très protocolaire et hautement symbolique, qui pourrait paraitre d’une extrême banalité aux yeux d’une partie de l’opinion publique, elle démontre sans le moindre doute que le processus visant à sortir l’Algérie de la dépendance aux hydrocarbures est amorcé. Au vu de l’énorme gabegie et de la gestion économique funeste qu’a connues le pays, marqué par le détournement en l’espace de deux décennies, de centaines de milliards de dollars au détriment d’un peuple, dont le sort était de plus en plus enchaîné au prix du baril, une opération d’exportation, quelle que soit sa valeur, est considérée comme une performance à ne pas négliger. Il suffit que les pouvoirs publics veillent scrupuleusement à réunir toutes les conditions favorables à un décollage économique, débarrassé des contingences claniques et des tentations purement affairistes, pour que le pétrole et le gaz soient relégués au bas des préoccupations. En relevant que d’ici la fin de l’année, « on peut atteindre entre 8 à 10 milliards de dollars des exportations hors hydrocarbures », le ministre n’a fait que traduire un programme et une feuille de route, dont la mise en œuvre exige une discipline financière très rigoureuse. En affirmant que l’objectif d’exporter trente milliards de dollars à l’horizon 2029-2030 demeure à portée de mains, ses prévisions sont réalistes, mais tributaires de la capacité de l’État à réguler une économie de marché protégée des tentations monopolistiques. La rationalisation des importations est certes importante, mais elle ne constitue guère l’unique condition. À propos de la lutte contre la spéculation et les spéculateurs, le ministre a déclaré que l’État pourrait autoriser les grandes surfaces à importer directement. Dans une déclaration à la presse, il a estimé d’une manière explicite que les grandes surfaces constituent une solution potentielle dans la modernisation de l’activité commerciale, l’organisation du marché et la régulation de la distribution. Il a annoncé que d’autres sociétés, notamment la société mixe algéro-qatarie, vont ouvrir des espaces pour de grands investissements. Le ministre a en outre mis les spéculateurs devant le fait accompli, prévenant que « le non-respect de la structure de prix d’importation va nous mener à autoriser les grandes surfaces à importer directement ». Dans le même contexte, il a souligné que la cadre réglementaire des grandes surfaces est en voie de finalisation et d’autres vont ouvrir incessamment dans de grandes wilayas.

Mohamed Mebarki

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