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France, Émirats, Arabie Saoudite : Redéploiement diplomatique de l’Algérie

Une élection présidentielle est l’occasion de réanimer l’activité diplomatique, renouer des liens perdus et relancer des coopérations gelées. C’est ce que démontre l’exemple algérien, ou les élections présidentielles se sont tenues très récemment. En l’espace de trois jours, l’échiquier diplomatique est en train d’être bouleversé : Émirats arabes unis, France et Arabie Saoudite ont profité de la réélection du président Abdelmadjid Tebboune pour tenter de renouer les contacts, qui étaient, soit rompus, comme c’était le cas avec la France, ou réduits au strict minimum, à l’instar de ce qu’ils étaient avec l’Arabie Saoudite et surtout avec les Émirats arabes unis. Avec Abu Dhabi, l’Algérie entretient en effet des relations extrêmement froides. En effet, le président Abdelmadjid Tebboune est particulièrement remonté contre les agissements des autorités émiraties, notamment en Libye et plus particulièrement au Mali, où le pays de Mohamed Benzaïd finance les mercenaires « Wagner », qui commettent des atrocités contre les populations touareg en soutien aux autorités de Bamako. C’est également ce pays du Golfe qui finance et équipe en partie Khalifa Haftar, l’homme qui gère l’est de la Libye et menace les frontières algériennes. Plus que cela, les Émirats se sont alliés avec Israël et le Maroc, dans une alliance dont le premier objectif semble être de contrecarrer les intérêts de l’Algérie dans sa zone géostratégique. Mais hier, le président des Émirats, qui avait déjà rencontré Abdelmadjid Tebboune à Bari, en Italie, à l’occasion du sommet du G7, ne s’est pas contenté de féliciter protocolairement le président algérien : il l’a appelé au téléphone, pour convenir d’une rencontre prochainement. L’autre pays avec qui l’Algérie entretenait des relations froides et qui s’est manifesté à l’occasion de l’élection présidentielle : la France. Depuis que Paris s’est aligné derrière le Maroc dans le dossier du Sahara occidental, l’Algérie a retiré son ambassadeur. Depuis fin juillet, les relations entre les deux pays étaient quasiment nulles. Mais la réélection de Tebboune a donné l’occasion au président français de tenter de se rabibocher avec l’Algérie. D’abord en envoyant une lettre de « félicitations chaleureuses », puis d’envoyer sa conseillère chargée de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Anne-Claire Le Gendre. Le communiqué de la présidence de la République et de l’ambassade de France ne dit pas grand-chose, en dehors de mentionner une « lettre personnelle » du président Emmanuel Macron à Abdelmadjid Tebboune. Mais les autorités françaises semblent être dans une « opération de ratissage des liens », selon une source française. Par ailleurs, il convient de signaler qu’à ces deux pays s’ajoute l’Arabie Saoudite. S’il est vrai que l’Algérie n’a pas eu d’incident diplomatique avec Riyad, les relations entre les deux pays sont froides depuis de longues années. C’est d’ailleurs pour cela que Mohamed Ben Selmane, prince héritier du Royaume, a pris son téléphone pour appeler Abdelmadjid Tebboune et le féliciter pour sa réélection, en plus du courrier envoyé la veille. Avec ces données en main, il semble que ces trois faits prouvent que l’Algérie a adopté une nouvelle attitude, plus souple, vis-à-vis de ses partenaires. Mais pour tirer des conclusions, il faut laisser passer les « moments protocolaires », qui précèdent l’investiture du chef de l’État.

Akli Ouali

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