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Sa crédibilité est mise en doute : Faut-il mettre au placard l’ANIE ?

Faut-il jeter aux oubliettes l’Autorité Nationale Indépendante des Élections (ANIE) ? La question ne se pose même plus désormais, après le spectacle tragicomique de dimanche, lors de la proclamation officielle des résultats de la présidentielle du 7 septembre. On le sait, entre Mohamed Charfi, président de l’Autorité et les chiffres, c’est une vieille histoire de désamour. Derrière ses airs pépères et une certaine bonhomie, les Algériens ont fini par accepter Charfi, au fil des consultations électorales, excusant même ses ratages récurrents lors de ses prestations devant la presse. Mais après ce qui s’est passé dimanche, c’est-à-dire la révélation d’une fraude méthodique, chorégraphiée, flagrante, au vu et au su des citoyens et des observateurs étrangers ayant suivi la proclamation des résultats en direct, l’histoire ne peut plus continuer pour Charfi et les vingt membres composant le Conseil de cette instance, créée le 15 septembre 2019 et censée être garante de la régularité, de la probité et de la transparence des élections. Flash-back : « Les procédures relatives à la surveillance des élections relèguent désormais la fraude au domaine de l’impossible, je pense que plus personne n’oserait une tentative de fraude », s’enthousiasmait Charfi, au moment de l’installation officielle de l’ANIE, sur les ruines encore fumantes de la Haute Instance Indépendante de Surveillance des Élections (HIISE), jugée alors inopérante. Ces propos, prononcés dans un autre contexte, sonnent aujourd’hui comme une fanfaronnade, à la lumière de ce qui s’est passé au lendemain du vote, c’est-à-dire des résultats farfelus, avec comme clou du spectacle l’invention d’un indicateur : « La moyenne nationale de participation ».

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Pourtant, les choses auraient pu continuer comme avant et permettre à l’ANIE de surfer sur tous les couacs qui ont émaillé sa gestion des élections, surtout la dernière en date. Mais il y a eu ce fameux communiqué, signé des trois directeurs de campagne des candidats, où sont égrenées les failles de la gestion de l’ANIE. La co-signature du directeur de campagne du président Tebboune, cautionnant toutes les critiques listées dans le communiqué, est un coup de Jarnac contre l’ANIE, qui s’est mise d’elle-même au pilori, par son zèle à vouloir plaire au président de la République, alors qu’il n’a rien demandé ! Faut-il dès lors dissoudre l’ANIE ? « Compte tenu des échecs répétés dans le fonctionnement de l’Autorité nationale indépendante des élections et de son incapacité, ce qui a eu des conséquences négatives sur les électeurs, entraînant indifférence et méfiance envers les institutions de l’État, le bureau renouvelle la revendication du mouvement de refonder cette autorité sur des bases juridiques et politiques solides. Cette demande émane de la classe politique depuis le début du processus électoral pluraliste en Algérie », a déclaré Mohamed Douibi, président de Nahda, qui a soutenu le candidat du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP). Youcef Aouchiche va plus loin que la demande de mise au placard, réclame « une commission d’enquête », pour faire la lumière sur ce qui s’est passé en coulisses, ajoutant que « la manipulation des voix des citoyens est un crime qui tombe sous le coup de la loi ». Le président de la République, qui a créé cette instance en 2019, en vertu d’une loi organique, plantera-t-il le dernier clou sur le cercueil de l’ANIE, à la suite du fameux communiqué des trois directeurs de campagne ? Ou bien laissera-t-il les choses en l’état, dès lors que le mandat de Mohamed Charfi et des 20 membres de son Conseil arrivera à expiration dans une année ? Dans un cas, comme dans l’autre, le choix est politique.

H. Khellifi

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