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Sétif : Parties communes dans les cités : Emplois à pourvoir et métiers à ressusciter

Les métiers de femme de ménage, concierge et gérant de cité ont presque disparu. En effet, très en vogue dans les années 70 et 80, ces fonctions n’existent presque plus. D’ailleurs, c’est l’insouciance et le laisser aller des habitants des habitations collectives qui ont fait que ces métiers disparaissent de nos cités et ne font plus partie de la nomenclature des professions. La cession des biens de l’État à partir de l’année 1981 (décret exécutif 81-01) en a d’ailleurs rajouté une couche.

Les cités et quartiers ont ainsi continué de se dégrader, en raison du manque, voire de l’absence, de maintenance et d’entretien. De nombreux métiers liés à la gestion et au nettoyage des bâtiments et des parties communes demeurent absents, bien que leur utilité ne soit plus à démontrer, étant le chaînon manquant de la préservation et de l’entretien des bâtiments. En effet, même si la loi 83-666, promulguée deux années après la cession des biens de l’État, a essayé de redorer le blason en définissant les parties communes, cependant le fait que dans certains immeubles il existe plus de propriétaires que de locataires, rend la tâche plus complexe et les lois proposant de diligenter un copropriétaire pour la gestion des parties communes n’a pas amélioré la situation d’un iota. Sur un autre volet, la loi de 1.992 d’incessibilité de l’ancien chef du Gouvernement, Belaïd Abdesselam, aurait pu mettre le holà à cette anarchie, qui règne depuis 1981, si les gouvernements qui se sont succédé n’avaient pas à nouveau adopté un retour à la cession. La gestion des parties communes est alors devenue un véritable casse-tête pour les habitants des différentes cités, d’abord ceux des Logements Publics Locatifs (LPL), puis quelques années après ceux des Logements Sociaux Participatifs (LSP) et enfin ceux des Logements Promotionnels Aidés (LPA), puisque le même problème existe dans les trois formules de logement. Hormis les cités de l’Agence nationale d’Aide au Développement du Logement (AADL), où les responsables ont prévu des formules pour assurer la gestion des parties communes, la formule de Logement Promotionnel Public (LPP) connaîtra, après deux ans de la remise de la dernière clé, le même sort que les logements acquis en cession. Il y a quelques mois, plusieurs habitants des cités de Sétif se sont rendu compte de la nécessité de la résurrection de ces métiers, afin de redorer le blason de leurs quartiers et de sauver ce qui peut encore être sauvé. « Il est nécessaire de ressusciter ces métiers, d’autant que la plupart des quartiers, des immeubles manquent de gérants, voire de nettoyeurs. Les bâtiments à usage d’habitation, qui abritent souvent des bureaux de professions libérales et des cabinets médicaux de diverses spécialités, sont dans un état de détérioration avancé », nous dira Badr El Dine, un sexagénaire habitant la cité des 600 logements. Et de renchérir : « J’estime que la cession des biens de l’État dans les années 1980, sur fond de grand mécontentement des citadins, a conduit à l’abandon de ces métiers pour laisser la place à l’improvisation dans la gestion des immeubles », ne manquant pas de mentionner la régression notable qu’a connue le quartier dans lequel il a vécu pendant près de quarante ans. De son côté, Mohamed, un habitant de la cité des 750 logements, qui était exemplaire dans sa gestion, se souvient des bonnes habitudes des habitants et des responsables de la cité. « Le gérant de la cité était chargé d’entretenir les différentes parties communes et de coordonner le travail des concierges et des agents de nettoyage. Ici (à la cité des 750 logements, NDLR), on avait une chaudière collective pour les 750 logements. Tout était bien jusqu’au jour où la cession a détruit toutes ces belles choses », dira notre interlocuteur. Par ailleurs, la cité des mille logements, qui est tombée dans la décrépitude, est l’exemple parfait de ce laissé aller, au point où plusieurs habitants voient qu’elle a été abandonnée des années durant. « Je me souviens d’oncle Bourahla, comme si c’était hier, au milieu des années 80 et jusqu’en 90. Il coordonnait avec les différents acteurs concernés au niveau du quartier, dont les balayeurs, et s’occupait aussi de la distribution du courrier à tous. Il connaissait tous les habitants, même les coopérants étrangers de différentes nationalités, qui étaient très nombreux dans la cité. Ces derniers le respectaient d’ailleurs beaucoup et appréciaient son travail », nous raconte Ahmed, ancien habitant de la cité du 20 août, plus connue sous la dénomination de la cité des mille logements. Et d’ajouter : « Il avait un bureau dans un vide sanitaire de la cité, relevant de l’OPGI (Office de Promotion et de Gestion et Immobilière, NDLR). Ils étaient comme des chargés de mission au niveau des quartiers qu’ils gèrent et dans lesquels ils vivent également. Ils transféraient tous les problèmes qu’ils rencontraient au niveau des cités, puis subitement, ce métier a, sans crier gare, disparu et à jamais ».

Manque d’encadrement

Pourtant, il y a quelques années, la création de milliers de résidences a favorisé l’apparition des métiers sous une forme nouvelle, mais avec moins d’efficacité. Indépendamment d’un ou deux projets, où l’expérience a remporté un franc succès, l’initiative doit être développée et améliorée, notamment en termes de coûts, que beaucoup considèrent comme prohibitifs, avec des objectifs préconisés qui ne sont pas atteints. « Je connais un ami qui a refusé d’acheter une maison parce qu’il savait qu’il n’y avait ni femme de ménage ni gardien », nous raconte Salim. Dans les logements LPL, LSP, LPA et LPP, les espaces communs se dégradent à vive allure. « Il y a quelques années, nous avons accepté de réhabiliter notre immeuble et nous essayons donc de relancer ce métier, en embauchant une femme de ménage que nous payons mensuellement. Cependant, au bout du troisième mois, elle a abandonné, car la plupart des voisins ont refusé de la payer ce qui avait été convenu et nous avons dû en embaucher une autre, cependant, cette dernière n’a pas fait son travail correctement. Quant au bâtiment, nous n’avons pas d’éclairage dans les escaliers, car les services de la Sonelgaz refusent d’installer un compteur au nom de tous les propriétaires et exigent que le compteur soit au nom d’un seul habitant ».

Gestion des cités : une copie à revoir !

De son côté, Salim souligne que la formule de gestion des logements AADL n’est pas toujours réussie : « La création d’une société pour gérer les cités AADL est une bonne idée certes, mais elle doit être soumise à une stricte surveillance des gestionnaires. Nous payons chaque mois, rubis sur l’ongle, les frais de gestion, cependant les services concernés ne sont pas toujours à la hauteur ». C’est ce que voit aussi Abderrahmane, un habitant de la première cité AADL (500 logements) de Sétif, qui a beaucoup apprécié le projet initié pour refaire le ravalement des façades des immeubles de la cité. Une initiative à encourager selon lui, car elle permettra sans nul doute de donner un nouveau visage à la cité.

Ascenseurs, la pomme de discorde

Les personnes âgées, celles souffrant de maladies chroniques et les habitants occupant les logements des étages supérieurs sont concernés par l’ascenseur. Cet équipement, comme tous les équipements et machines, doit être bien entretenu et subir des maintenances ponctuelles. En effet, une panne peut coûter très cher et il ne faut donc pas rechigner à participer aux frais de maintenance. Une convention annuelle avec une société d’entretien et de maintenance est toujours salutaire, cependant certains propriétaires ou locataires font la sourde oreille. « Moi, j’habite au premier étage. Je peux ne pas utiliser l’ascenseur. Je ne comprends pas pourquoi je paye. », nous dira Abderrahmane, habitant d’une coopérative immobilière à la cité El Maabouda, au chef-lieu de la wilaya de Sétif. De son côté, Mahmoud, habitant la cité des 1.200 logements, dits bâtiments des Indiens, nous dira en substance : « Un de nos voisins, un septuagénaire, refuse de payer l’entretien de l’ascenseur, sous prétexte qu’il ne sort de la maison qu’une fois tous les dix jours, voire moins. Il estime que les autres voisins doivent payer parce qu’ils l’utilisent beaucoup. Je ne comprends pas cette manière de réfléchir, car elle est contre l’esprit même de la copropriété. » Il est à noter que selon des connaisseurs, dont d’anciens cadres de l’OPGI, il est nécessaire de retourner à l’ancien système de gestion des cités, tout en l’adaptant au contexte et à la situation actuels. « Il est grand temps de ressusciter le système de gestion qui a donné ses fruits avant la cession des biens de l’État. Le montant des charges à payer par le propriétaire ou le locataire doit figurer dans une facture, qu’il doit payer périodiquement. Un bon entretien des immeubles à usage d’habitation ou à usage professionnel et par ricochet des cités à travers les quatre coins du pays doit inéluctablement passer par un bon système de paiement des charges, tout en assurant de bonnes prestations ».

Faouzi Senoussaoui

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