Comme chaque année, à la veille de la célébration du Mawlid Ennabaoui Echarif, la Protection civile a mené une campagne de sensibilisation sur les dangers que représentent les produits pyrotechniques. Force est de constater malheureusement, que cette action engagée dans le but de faire changer les comportements des gens n’a pas atteint l’objectif escompté. Cette année, encore, les secouristes de cette institution ont été très sollicités pour venir en aide à des citoyens, des enfants surtout victimes de brûlures souvent graves, aux mains, aux membres et au visage. Le bilan de ces accidents n’a pas encore été arrêté dans la wilaya de Souk-Ahras, mais on assure du côté des établissements de santé qu’au moins une trentaine de jeunes personnes brulées ont été admises rien qu’au service des urgences de l’hôpital Ibn Rochd de la ville chef-lieu pour des soins. Nos sources affirment que les jeux dangereux avec les pétards, les feux d’artifices et les fusées auxquels se sont adonnés les enfants et parfois des adultes inconscients ont causé des dégâts considérables un peu partout à travers les 26 communes, que compte la wilaya de Souk-Ahras. Ceci pour indiquer l’ampleur de ce phénomène, que les pouvoirs publics n’arrivent pas à endiguer malgré les efforts consentis par les services de sécurité pour informer les citoyens des dangers encourus en cas de manipulation de ces produits pyrotechniques. Bien plus grave, le docteur Laid Khadraoui, un ophtalmologue nous révèle qu’il a personnellement eu à prendre en charge au sein de sa clinique quatre enfants, qui ont été brûlés plus ou moins grièvement aux yeux en faisant exploser des bouteilles en plastique contenant de l’esprit de sel et du papier aluminium durant les derniers jours qui ont précédé la fête du Mouloud. Des blessures, dont les conséquences auraient pu être beaucoup plus dramatiques comme la perte de la cornée, voire de la vue (cécité permanente), s’inquiète ce spécialiste. Il explique que ce jeu est connu des jeunes enfants, qui l’ont découvert dans des vidéos partagées sur les réseaux sociaux. Il s’agit pour ces apprentis chimistes de mélanger dans une bouteille plastique deux produits courants librement achetés dans le commerce, en l’occurrence de l’esprit de sel et du papier d’aluminium. « Le mélange ainsi créé provoque une réaction chimique qui fait gonfler la bouteille et entraîne une explosion spectaculaire avec souvent des projections d’acides sur une distance pouvant atteindre les 15 mètres », révèle encore le docteur Laid Khadraoui. Notre interlocuteur conclut en invitant les autorités locales concernées et notamment la DCP à se pencher sur la réglementation qui doit régir particulièrement la commercialisation de l’esprit de sel, ce détartrant utilisé certes par les ménages mais néanmoins très dangereux, que n’importe qui peut se procurer dans tous les magasins d’alimentation générale pour en faire des bombes d’un genre nouveau.
Ahmed Allia
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