La décision est tombée. Le célèbre Collège d’Enseignement Moyen (CEM) Allem Mansour, communément appelé l’école du marché, ferme ses portes. Provisoirement, une page se tourne. Ne restant pas de marbre face à une bâtisse menaçant ruine, le wali de Sétif, Mustapha Limani, s’est rendu sur les lieux mercredi 18 septembre passé et a pris sa décision. Ainsi, les collégiens devront suivre leurs cours à l’école des frères Berchi, située à quelques encablures. Toutefois, le bonheur des uns fait le malheur des écoliers de l’école Amardjia Abbes, dont la construction a été décidée le 2 juin 1851.
Ceux-ci devront prendre leur mal en patience, puisque leur transfert vers l’école des frères Berchi, attenante à leur établissement, est renvoyé aux calendes grecques. Vieille de plus de 170 ans, l’école Amardjia Abbes, où une grande partie de l’élite de l’antique Sitifis a été scolarisée, a besoin, elle aussi et d’urgence, d’une restauration complète. Programmée depuis un certain temps par la commune, propriétaire des lieux, l’opération de réfection ne devrait pas être abandonnée, la rénovation de l’école Bouchareb Roumilla, située à une centaine de mètres, en est la preuve. Pour le bien-être et l’épanouissement des enfants, il serait préférable que l’école, qu’on avait envisagé de transformer en annexe des beaux-arts, retrouve sa vocation première, pour le plus grand bonheur des élèves et de leurs parents. Selon Hani Boudjemline, vice-président du conseil communal de Sétif, chargé des questions techniques et du développement, l’annulation de l’affectation dépend du wali. Soulagés, mais aussi inquiets, les riverains d’Allem Mansour, qui était dans les années 1920 et 1930 une école technique spécialisée dans la formation des ouvriers et artisans (plombiers, menuisiers, etc.) grincent des dents à propos des délais de rénovation : « La fermeture de l’établissement tombe à pic. Le ravalement d’une partie de la façade ne pouvait plus cacher les innombrables fissures endommageant la structure de l’un des plus anciens établissements scolaires de la ville de Sétif. C’est avec un grand pincement au cœur que l’école du Marché ferme ses portes. À l’instar des lycées Kerouani et Gaïd, du CEM Khemisti, de l’école laïque (actuelle Amardjia Abbes, NDLR) et d’autres, Allem Mansour, appelée sous la colonisation l’école des indigènes, a vu passer plusieurs générations d’enfants de la ville et de la région », soulignent non sans émotion nos interlocuteurs. « Il faut le reconnaître, nous sommes soulagés et contents pour nos enfants, qui vont non seulement quitter un collège devenu non fonctionnel, mais aussi poursuivre leur scolarité dans une structure récemment rénovée et située à deux pas de la maison. Nous saluons la décision du wali, tombée à point nommé. Cependant, la réhabilitation risque de s’éterniser. La rénovation du lycée Mohamed Kerouani, qui a pris beaucoup de temps, en est la parfaite illustration », précisent-ils. Des réserves à la fois légitimes et objectives, puisque la restauration des établissements scolaires du moyen et du secondaire relève du ministère de l’Éducation nationale. Sollicité lors de la session ordinaire de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) tenue pour ce dossier, le chef de l’exécutif a été clair : « La réglementation, que je ne peux en aucune manière transgresser, est explicite concernant la gestion, l’entretien et la rénovation des infrastructures scolaires. La collectivité locale ne peut intervenir qu’au niveau des écoles primaires. » Avant d’être placée sous la tutelle de la municipalité de Sétif en janvier 2023, le célèbre CEM Mohamed Khemisti, est devenu une épave et les doléances et réclamations des riverains, ainsi que les écrits de la presse sont restés lettre morte. « La commune, qui a pris en charge la remise en état du CEM Khemisti sur ses fonds propres, est confrontée au problème des logements de fonction, dont deux sont actuellement occupés. Le P/APC (Président de l’Assemblée Populaire Communale, NDLR) a tout à fait raison de ne pas vouloir donner son feu vert pour le lancement des travaux tant que les logements ne sont pas évacués », a révélé à L’Est Républicain Boudjemline. Évaluée, dit-on, à près de dix milliards de centimes, la nouvelle de la rénovation d’Allem Mansour, qui a accueilli pour plus de vingt mois des centaines d’élèves du collège ex-Eugène Albertini (actuel Lycée Mohamed Kerouani) s’est répandue telle une trainée de poudre. Des parents d’élèves du CEM Erazi, des 1.006 logements, se sont d’ailleurs rapprochés de notre rédaction pour tirer la sonnette d’alarme : « Nous invitons le wali à voir dans quelles conditions nos enfants étudient. L’état lamentable de la façade extérieure du CEM n’est que la partie émergée de l’iceberg. La descente aux enfers de l’établissement, qui dure depuis de longues années, continue. Nous avons frappé à toutes les portes, malheureusement restées closes. La dégradation effrénée du CEM Erazi, qui n’a ni l’âge ni le statut de l’école du Marché, ne plaide pas en faveur d’une scolarité de qualité. Nous profitons de l’occasion pour réitérer notre appel et solliciter l’intervention du premier responsable de la wilaya. » Pour connaitre la position officielle des autorités compétentes quant à ce problème et obtenir des informations sur divers sujets liés à la rentrée scolaire, nous avons tenté de rencontrer le directeur de l’Éducation de la wilaya, en vain…
Kamel Beniaiche
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