Longtemps à peine tolérées, les écoles privées font désormais partie intégrante du paysage scolaire national, contribuant même à alléger la pression sur le secteur public, notamment dans les grandes villes, où la surcharge des classes est un problème récurrent. Hier dimanche, en marge du coup d’envoi de l’année scolaire 2024-2025, le ministre de l’Éducation, Abdelhakim Belaabed, a fait quelques déclarations, se félicitant d’une rentrée « calme et apaisée » et affirmant que toutes les mesures avaient été prises en amont, pour assurer son bon déroulement. L’une de ses déclarations concernait justement les écoles privées, dont il a précisé que la relation avec son ministère est essentiellement « pédagogique et de contrôle ». Mais qu’en est-il des tarifs ? C’est-à-dire de la contribution financière des parents pour les frais de scolarité, qui, faut-il le rappeler, ne sont encadrés par aucune norme légale à ce jour ? Chaque établissement applique en effet sa propre politique tarifaire, ce qui crée une situation de flou et d’inégalité. Le ministre a reconnu cet état de fait, soulignant même que « ces écoles privées sont aussi des entités commerciales dont les responsables cherchent le profit ». Le problème, selon lui, ne relève pas directement de son ministère, mais plutôt de ceux du Commerce et des Finances, qui disposent de textes pour encadrer ce type d’activités, situées à la croisée du commerce et de la pédagogie. Cependant, Belaabed a assuré qu’un texte sera bientôt élaboré pour réglementer tous les aspects financiers des écoles privées, où des situations de non-droit persistent. Par exemple, de jeunes enseignants sont parfois recrutés sans contrat de travail, sans déclaration à la Sécurité sociale, et restent à la merci de directeurs ou directrices, se comportant avec eux comme de véritables négriers des temps modernes. Souvent surdiplômés, mais sans formation pédagogique, ces jeunes enseignants se retrouvent presque par hasard dans ces écoles privées, simplement pour échapper au chômage. Ils acceptent de travailler au-delà du nombre d’heures fixées par le ministère pour chaque palier, pour des salaires de misère et souvent versés avec en retard. Une forme d’esclavage moderne contre laquelle il est urgent d’agir. Le ministre a rappelé à ce sujet que « les élèves, les enseignants et les personnels ont les mêmes droits et les mêmes devoirs dans le privé comme dans le public. C’est la même école, les mêmes programmes et les mêmes objectifs ».
H. Khellifi
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