Malgré la crise diplomatique actuelle entre Alger et Paris, le président français, Emmanuel Macron, ne renonce pas à poursuivre son « œuvre » mémorielle, entamée avec l’Algérie. Cette volonté a été exprimée en fin de semaine passée, jeudi, lors d’une rencontre à l’Élysée entre le président et des historiens. Lors de cette réunion, Macron a « appelé de ses vœux » la conclusion des travaux engagés par une commission mixte franco-algérienne. Il souhaite, selon l’AFP, que les « propositions concrètes formulées par la commission mixte puissent être mises en œuvre ». L’Élysée a précisé que ces propositions devraient permettre à la France de « porter un regard lucide sur le passé et de construire, sur le long terme, une réconciliation des mémoires, dans une démarche d’éducation et de transmission pour les jeunesses française et algérienne ». Entamé en août 2022, lors de sa visite officielle à Alger, le travail de réconciliation mémorielle a pris la forme d’une commission d’historiens composée de cinq Algériens et de cinq Français. Ces historiens se sont réunis à plusieurs reprises, à Alger et à Paris, et ont progressé sur des sujets plusieurs sensibles, notamment la restitution d’objets historiques ayant appartenu à l’Algérie durant la période coloniale. Parmi ces objets figurent des archives et des reliques ayant appartenu à des figures historiques, comme un burnous, un Coran et un couteau de l’Émir Abdelkader. Un travail délicat qui se heurte toutefois à certaines contraintes, car plusieurs décisions nécessitent l’adoption de lois par le Parlement français. De plus, les travaux de la commission sont actuellement suspendus, en raison de la crise diplomatique entre les deux pays. Cette intervention du président français fait suite à deux lettres adressées à Abdelmadjid Tebboune, à la suite de sa réélection pour un second mandat présidentiel. Dans la première lettre, envoyée le 8 septembre, au lendemain de l’élection, Macron a rappelé l’engagement de la France à « poursuivre » la relation « d’exception » entamée il y a quelques années, notamment sur les questions de mémoire, de sécurité et de circulation. Quelques jours plus tard, le président français est revenu à la charge, envoyant Anne-Claire Le Gendre, sa conseillère pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, avec un message personnel, dont le contenu est resté confidentiel. « C’est une opération de reprise de contact », a expliqué une source diplomatique française. Cette reprise de contact intervient pour rappel deux mois après le refroidissement des relations entre les deux pays. En effet, le 30 juillet dernier, l’Algérie a décidé de rappeler son ambassadeur à Paris après que la France a changé de position sur la question du Sahara Occidental. Emmanuel Macron avait publiquement annoncé que la France considérait la proposition marocaine d’« autonomie élargie » pour le Sahara occidental, dans le cadre de la souveraineté marocaine, comme « la solution » à cette crise. L’Algérie a vivement réagi, accusant la France d’ignorer le droit international. Paris, de son côté, a estimé que ses relations avec l’Algérie devaient être dissociées de la question sahraouie et indépendantes de ses relations avec le Maroc.
Akli Ouali
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