L’Algérie aurait importé « plus de 100 000 pneus pour mettre fin à la hausse folle des prix ». L’information rapportée par un média électronique est passée presque inaperçue à travers le fil de l’actualité. Pourquoi ? S’agit-il d’une simple opération commerciale, dont le ou les tenants viennent de réaliser une grosse affaire dans le cadre d’une transaction ordinaire, comme cela se fait ici et ailleurs ? En apparence, oui. Il n’y a pas de quoi alerter le lecteur ! Mais au-delà de son contenu, elle est venue traduire une triste réalité qui n’aurait jamais dû exister. Une pénurie de pneus pour véhicules, dont les prix ont connu une hausse vertigineuse. Elle a touché particulièrement les propriétaires de camions et de bus, avec un grave impact sur la sécurité routière, mais également sur le secteur économique. Qu’est-ce qui la provoquée ? Est-ce l’interférence de plusieurs facteurs ou le résultat conjugué d’une conjoncture « assistée » ? Peu importe les détails au vu des énormes conséquences de cette grave crise. C’est aux pouvoirs publics d’intervenir pour empêcher toute tentative de manipuler un marché aussi sensible et stratégique que celui des pneus et d’interdire à ce qu’un secteur de base pareil ne soit utilisé à des fins d’hégémonie commerciale par un cartel ou un autre. Il y va de la tranquillité et de la sécurité publique. Quels que soient les tenants et les aboutissants d’une telle situation, la récente opération d’importation de pneus réalisée par un privé ne devrait pas occulter la réalité. Une réalité que l’on ne devrait pas mesurer en termes de millions ou de milliards de dinars, mais en termes de vies humaines. Les répercussions d’une telle pénurie sont de nature criminelle, surtout si elle persiste et s’aggrave. Depuis la nuit des temps, les Algériens ont toujours vécu avec toutes sortes de pénuries des plus improbables aux plus insolites. Du tabac au poivre noir, en passant par le café et plein de choses utiles et inutiles, l’existence d’un Algérien a souvent été articulée autour d’un manque quelconque, qu’il a toujours dépassé. Depuis la libéralisation du commerce extérieur, le pays a traversé moult situations, politiquement, socialement et sécuritairement. Depuis la restructuration des entreprises inaugurée du temps de Chadli Bendjedid aux dernières directives présidentielles quant à une véritable application de l’économie de marché, le chemin vers une régulation économique basée sur une transparence bien établie n’a jamais été une transition facile. Des difficultés de tout genre ont ainsi entravé la bonne marche de l’Algérie vers une prospérité durable. La pénurie des pneus est une des facettes de ces difficultés, qu’il est aujourd’hui urgent d’éliminer en dépassant les solutions d’urgence !
Mohamed Mebarki
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