Comme annoncé dans notre édition du lundi 1er juillet, l’épineux dossier de Chouf Lekdad, bidonville « balafrant » la périphérie nord-ouest du chef-lieu de la wilaya de Sétif, où vivent des centaines de familles, est ficelé. La « plaie », qui a fait couler de l’encre des décennies durant, sera « cicatrisée » le mercredi 2 octobre prochain, à partir de six heures du matin. L’annonce a été faite par la cellule de communication de la wilaya, à travers un communiqué qui s’est répandu telle une trainée de poudre. L’heureux épilogue ne tombe pas du ciel, il n’est pas non plus le fruit d’un quelconque concours de circonstances. L’éradication du plus grand bidonville de la wilaya de Sétif est à la fois la résultante des efforts, du courage et de la résilience du chef de l’exécutif, Mustapha Limani, ayant pris à bras-le-corps un problème s’apparentant à une véritable « bombe à retardement ». Le wali, qui s’est engagé à raser ce point noir où la vie décente est mise entre parenthèses, a pour le moins que l’on puisse dire relevé le défi. Après les innombrables visites du site, où vivent des centaines de familles, dont un nombre important viennent des wilayas limitrophes, le premier responsable de la wilaya a décidé de franchir le pas. Il convient de souligner que dans un premier temps, l’opération était programmée pour le 5 juillet, coïncidant avec les festivités du 62e anniversaire de l’indépendance, mais a été reportée pour des raisons et causes objectives. D’autant que le traitement d’un tel dossier n’est pas une sinécure. Entouré d’une très grande discrétion, le chapitre Chouf Lekdad comprend deux volets : le premier englobe, nous dit-on, le relogement d’un premier contingent de 620 familles et la démolition de leurs anciennes habitations, situées généralement sous des pylônes électriques à haute tension et à proximité d’un oued. Le second aspect de l’opération comprend quant à lui la régularisation des constructions. D’après nos sources, pas moins de 600 dossiers de régularisation sont actuellement à l’étude. La finalisation de l’opération se fera, nous dit-on, selon la loi n° 08-15 du 20 juillet 2008, fixant les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement, dans le but de mettre un terme à l’anarchie qui règne dans le domaine de la construction et de l’urbanisme. Selon certaines informations les heureux bénéficiaires seront relogés dans des appartements disposant de toutes les commodités à Abid Ali et Ouled Saber. On apprend par ailleurs que toutes les dispositions ont été prises pour qu’une telle opération se fasse dans le calme et la sérénité. Comme à l’accoutumée, L’Est Républicain s’est rendu sur ce site, où certains habitants ne cachent pas leur bonheur et leur émotion : « je suis à la fois heureux et triste. Je ne peux vous décrire mon bonheur. Nous allons enfin pouvoir vivre comme tout le monde. L’émotion m’étreint. J’ai une pensée pour mon père qui n’est plus de ce monde. J’aurais aimé qu’il soit présent pour vivre ces moments intenses et inoubliables à la fois. Franchement je n’y crois toujours pas. Une page se referme », nous confie Salim, père de quatre enfants, qui ont hâte de quitter ce trou. Omar, un sexagénaire, abonde dans le même sens : « Après plusieurs décennies de galère, nous allons sortir la tête de l’eau. Nous tenons à remercier du fond du cœur le wali de Sétif qui a honoré ses engagements. Nous sommes impatients de tourner cette page pour en ouvrir une autre et permettre à nos enfants de vivre comme tout le monde et dans des conditions décentes. Comme vous le constatez, la vie est impossible à Chouf Lekdad, où nous cohabitons avec les averses, la canicule, les rats et divers maux sociaux », souligne notre interlocuteur, attendant sur des charbons ardents l’heure de la délivrance.
Kamel Beniaiche
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