Du côté du lycée Salah Ibn Allioui de la capitale des Hauts-Plateaux, la rentrée scolaire est « suspendue ». Elle est renvoyée aux calendes grecques, à cause du bras de fer opposant les enseignants à la direction de l’établissement. Les élèves, notamment ceux des classes de terminale, sont les premiers perdants dans l’affaire et plusieurs tuteurs, ne sachant à quel saint se vouer puisque l’établissement n’a pas d’association de parents d’élèves, sont contraints de voir les vacances se « prolonger » pour leur progéniture.
Une situation qui les a incités à se rapprocher de notre rédaction. Ne mâchant pas leurs mots, nos interlocuteurs s’expliquent mal ce « statu quo » pénalisant grandement leur progéniture : « Une semaine après la rentrée officielle, nos enfants n’ont toujours pas rejoint les bancs du lycée. Il ne faudrait pas qu’ils subissent les conséquences du conflit opposant les enseignants à leur direction. Ils n’ont pas le droit de prendre nos fils en otage. Nous interpellons les responsables à différents niveaux pour trouver une solution au problème et permettre le cas échéant à nos enfants de reprendre les cours normalement. En l’absence d’une association des parents des élèves au sein de l’établissement, les parents ont non seulement laissé faire, mais se retrouvent maintenant coincés entre le marteau et l’enclume. Nous devrions nous organiser pour suivre la scolarité de nos enfants et être partie prenante dans la gestion de l’établissement » fulminent des tuteurs à bout. Afin de connaître les autres sons de cloches, nous avons essayé de joindre le directeur de l’établissement, en vain. Sollicités, des enseignants s’interrogent « pour quelle raison la tutelle, à savoir la direction de l’Éducation de Sétif n’a pas jugé utile de réagir à notre requête du 2 juillet 2024 ? » Et de marteler : « Nous ne sommes pas responsables du blocage. Au lieu de rappeler à l’ordre le directeur et la censeure, trouvant le moyen de prendre des décisions sans se référer aux conseils de classe, le directeur de l’Éducation a opté pour le silence radio. Dire que notre requête et son additif comportent pas moins de 19 griefs. Notre correspondance du 9 septembre courant (L’Est Républicain détient des copies des deux correspondances, NDLR) est restée lettre morte, elle aussi », révèlent des enseignants, estimant qu’ils se retrouvent dans une situation de non-retour : « Le vase est plein. Nous ne pouvons plus accepter et tolérer les dépassements du directeur et de la censeure. Cette dernière a la main mise sur le travail de la surveillance générale. On n’admet pas leur diktat. Ils sont allés jusqu’à fermer à clé les sanitaires des élèves. Cette situation a occasionné moult désagréments à nombre de lycéens. Les exemples ne manquent pas. L’acte pédagogique est du ressort de l’enseignant, sommé de ne pas dépasser la note de 15/20 pour l’évaluation continue des classes de 2e année, langues et sciences humaines. Ils utilisent un tel procédé pour réduire le passage des élèves de ces filières en terminale, pour qu’ils n’influent pas “négativement” sur les résultats du BAC. La note administrative est utilisée comme moyen de pression. Le maintien de cette notation pendant de longues années est un frein dans le parcours professionnel de l’enseignant. Ceci n’est que la partie émergée de l’Iceberg. On préfère passer sous silence d’autres affaires. Le silence de la direction de l’Éducation, n’ayant apparemment pas l’intention de trancher, intrigue, en plus de compliquer la situation. Nous demandons l’ouverture d’une enquête approfondie. Pour l’intérêt des élèves qui n’ont pas à payer les pots cassés du conflit, nous sollicitons l’intervention du wali de Sétif et du ministre de l’Éducation nationale », précisent des enseignants dans l’expectative. Aux dernières nouvelles, le directeur de l’Éducation va dépêcher une commission d’enquête. En attendant, les lycéens de Salah Ibn Allioui continuent leur école « buissonnière »
Kamel Beniaiche
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