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 Sahel : La fuite en avant de la junte malienne

Acculé par son incapacité à défendre ne serait-ce que les installations vitales de son pays, le pouvoir malien recourt désormais à l’insulte. Son vice-premier ministre, le colonel Abdoulaye Maïga, s’en est violemment pris à l’Algérie, lors d’un discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies. Dans une allocution particulièrement offensante, le vice-premier ministre malien et porte-parole du gouvernement a attaqué ouvertement le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf et le représentant permanent de l’Algérie aux Nations unies, Amar Bendjama. La raison ? La junte militaire au pouvoir à Bamako n’a pas apprécié que l’Algérie critique le recours aux mercenaires du groupe Wagner et l’utilisation des armes contre les civils du Nord, tout en insistant sur l’application des accords d’Alger. Cette attaque est d’autant plus injustifiée que, dans son discours, ce proche du chef de la transition, Assimi Goïta, a rappelé que lors de la campagne présidentielle du 7 septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait insisté sur le caractère fraternel des relations entre l’Algérie et ses voisins du Sud, dont le Mali. Mais cela n’a visiblement pas suffi : malgré les démarches des autorités algériennes pour apaiser la situation et normaliser les relations entre les deux pays, la junte malienne, certainement soutenue par d’autres puissances, a choisi la confrontation plutôt que la diplomatie. S’il n’existe aucune preuve tangible, il est difficile de dissocier cette attitude belliqueuse – le responsable malien ayant répété son injure trois fois, ce qui suggère une attaque délibérée – de la décision récente de l’Algérie d’imposer des visas aux ressortissants marocains. Depuis quelques mois, il est en effet bien connu que le Royaume du Maroc, par l’intermédiaire des Émirats arabes unis, exerce une influence notable sur les militaires qui ont pris le pouvoir par la force à Bamako. Cette fuite en avant de la junte intervient après l’avertissement lancé par l’Algérie, qui a stoppé les incursions des militaires maliens contre les populations civiles du Nord. Elle reflète en réalité l’exacerbation des échecs successifs des autorités maliennes, non seulement incapables de pacifier le pays, mais subissant des revers stratégiques majeurs, tant face aux rebelles touareg du Nord que face aux groupes terroristes djihadistes, qui frappent désormais librement depuis le départ des troupes occidentales. Pire encore, ces groupes se sont renforcés et ont même humilié les militaires au pouvoir en s’introduisant, la semaine dernière, dans l’aéroport international de Bamako, où ils se sont promenés librement. Pendant ce temps, les soldats chargés de sécuriser l’enceinte aéroportuaire avaient pris la fuite. Des images montrent des terroristes s’en prenant aux avions, y compris celui utilisé par le chef de la junte pour ses déplacements. Ces scènes ont mis en lumière la fragilité de ce régime, qui ne se maintient que grâce au soutien des mercenaires de Wagner et aux financements aléatoires des Émirats. Cependant, comme pour tous les régimes issus de coups d’État, la chute de celui d’Assimi Goïta n’est qu’une question de temps. En refusant une solution politique à la crise de son pays, cet ancien officier ne récoltera que la violence qu’il est en train de semer.

Akli Ouali

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