« Donnez-moi une seule victime qui a été violée par un Jean-François ou par un Éric. C’est toujours dans ce sens ! crie la manifestante. Les OQTF (obligation de quitter le territoire français NDLR) violent uniquement des Blanches, des Occidentales françaises. J’aimerais bien qu’un jour on aille en Algérie violer. C’est dans leurs coutumes ». « Ils nous volent et nous tuent. Nous avons été en Afrique du Nord pour construire, mais, du jour au lendemain, ils nous ont foutus à la porte. Nous devons en faire tout autant ». La haine est lâchée et plus rien ne pourrait désormais la retenir dans un contexte politique exacerbé où l’extrême-droite française n’hésite pas à instrumentaliser la forte émotion suscitée par le viol et le meurtre de la jeune Philippine (19 ans), pour donner libre cours à un racisme d’une rare violence qu’elle a la nette intention d’institutionnaliser dans le sillage d’un ministre de l’Intérieur à la recherche d’alibis afin d’instaurer des lois plus répressives à l’encontre de l’immigration. Ce qui s’est passé dimanche dernier à Paris lors d’un rassemblement organisé en hommage à la jeune fille assassinée par un collectif d’extrême-droite nommé Némésis, illustre sans aucun doute la tendance xénophobe actuelle véhiculée par une partie de la classe politique en France, notamment cette catégorie nourrie aux ressentiments anti-algériens. En effet, lors de ce rassemblement, qui a connu un déferlement de propos racistes, ce sont les Algériens qui ont été particulièrement ciblés. Des dérapages contrôlés plus ou moins cautionnés par un gouvernement à la recherche de boucs émissaires pour faire diversion, en occultant les véritables problèmes que rencontre aujourd’hui la société française. A peine nommé ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui s’est attaqué à l’accord franco-algérien de 1968, qui régit l’immigration et les conditions de séjour des Algériens en France, s’est empressé dans des déclarations publiques d’indexer l’Algérie, en la tenant pour responsable d’au moins d’une partie des problèmes liés à l’immigration, notamment sur les OQTF et les régularisations. Lors de ces sorties publiques, Bruno Retailleau s’est dit déterminé à rétablir le « délit de séjour irrégulier ». Ses déclarations à la limite du tolérable a donné le feu vert aux groupuscules d’extrême-droite de manifester publiquement leur racisme, qu’ils assument sans retenue. Ils s’affichent désormais en bénéficiant du soutien d’une certaine presse. Le fait que le principal suspect du viol et de l’assassinat de Philippine ne soit pas un Algérien, n’a pas empêché la foule, environ 500 personnes, selon les chiffres communiqués par la police, de s’en prendre ouvertement aux Algériens. En France, la « machine » à ressentiment » contre les étrangers d’une manière générale et les Algériens particulièrement tourne déjà à plein « régime » !
Mohamed Mebarki
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