Alors que les Ghazaouis continuent d’enterrer leurs morts dans l’indifférence la plus absolue que ce soit du côté des nations qui les considèrent comme leurs frères ou du côté des sociétés qui ont une conception très sélective des droits de l’Homme, les Libanais se sentent déjà affreusement seuls dans une épreuve de force dont l’issue reste tributaire d’un certain nombre d’enjeux géopolitiques qui les dépassent. L’instabilité politique et institutionnelle dans laquelle se trouve leur pays, accentuée par une crise économique sans précédent, et aggravée par une incursion terrestre israélienne, risque de réveiller les vieux démons des divisions et de la guerre civile. Le souvenir des affrontements sanglants entre les phalanges maronites et leur branche armée, d’un côté, et les forces progressistes soutenus par les Palestiniens du FPLP et du FDLP, est encore vivace dans la conscience collective libanaise. « Netanyahou espère que l’affaiblissement du Hezbollah encouragera ses rivaux à se soulever contre lui, rouvrant ainsi les vieilles blessures de la guerre civile », ont soutenu de nombreux observateurs, estimant qu’un siège multiforme du Liban en ce moment pourrait mener jusqu’au démantèlement d’un Etat central fortement affaibli. « Le Liban est seul dans cette épreuve. Même la France, son ancien parrain colonial, ne peut pas faire grand-chose pour lui venir en aide. Le président Emmanuel Macron, qui affirme qu’il ne permettra pas que le Liban devienne un autre Ghaza, ne peut rien faire pour mettre fin aux attaques israéliennes ou intervenir en tant que médiateur », a conclu un journaliste libanais. En ces moments dramatiques, des évêques maronites, réunis en assemblée mensuelle ont exprimé « leur douleur face à l’horreur du désastre qui a frappé le Liban, de la côte à la montagne, avec des destructions qui ont souvent touché des civils innocents ». Ils ont également lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle assume « ses responsabilités en œuvrant pour un cessez-le-feu immédiat. Comme ils ont salué l’engagement des médecins et du personnel médical qui « font tout ce qu’ils peuvent pour soigner les blessés malgré l’état de crise économique et politique ». Dans ce contexte explosif, les craintes d’un coup d’Etat ont augmenté. Mercredi, le Premier ministre libanais par intérim Najib Mikati, a appelé à un cessez-le-feu, et a indiqué qu’environ 1,2 million de personnes à travers le Liban avaient été déplacées par les attaques israéliennes. « Arrêtez les combats. Nous n’avons pas besoin de plus de sang. Nous n’avons pas besoin de plus de destruction », a-t-il supplié lors d’une conférence. En face, l’entité sioniste poursuit sa « logique » destructrice et dévastatrice dans une impunité totale avec la complicité et le soutien agissant des Etats-Unis. Mercredi, le ministre des affaires étrangères israélien a affirmé à la mi-journée qu’il interdisait à Antonio Guterres d’entrer en Israël, confirmant de fait la neutralisation de l’ONU, qui semble avoir beaucoup perdu de son autorité et de sa crédibilité. Mais en a-t-elle eu par le passé ? Le doute est permis. Sahara occidental, Sahel, Soudan, Libye, Yémen, Somalie, Ukraine, Syrie, Irak, Ghaza, Cisjordanie, sans compter les nombreux foyers de tension à travers le monde, où elle a échoué à imposer la légalité, l’ONU est accusée d’être devenue une succursale du Pentagone !
Mohamed Mebarki
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