Deux mois après avoir été rappelé à Alger, Saïd Moussi a perdu officiellement son poste d’ambassadeur d’Algérie à Paris. Mais il n’a pas été remplacé. Par un décret présidentiel publié au journal officiel du 24 septembre dernier, on y lit qu’il a été « mis fin aux fonctions d’ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de la République algérienne démocratique et populaire, exercées par MM : Saïd Moussi, à Paris (République française), à compter du 30 juillet 2024, appelé à exercer une autre fonction, Chakib Rachid Kaid, à Lisbonne (République portugaise), à compter du 30 septembre 2024, appelé à exercer une autre fonction , Mohammed Belaoura, à Dublin (République d’Irlande), à compter du 30 septembre 2024, admis à la retraite ». Des sources concordantes indiquent que Saïd Moussi, qui était déjà ambassadeur en Espagne jusqu’à la brouille diplomatique entre Alger et Madrid en 2022, va être nommé représentant de l’Algérie à Lisbonne, au Portugal. Contrairement aux autres ambassadeurs arrivés en fin de fonctions, celui de Paris n’est pas encore pourvu. Le président de la République n’a pas encore désigné un autre ambassadeur dans la capitale française même si les relations entre les deux pays ne sont pas officiellement rompues. C’est le signe que la crise diplomatique entre les deux pays, née après la reconnaissance par le président français Emmanuel Macron du plan d’autonomie marocain comme « seule solution » au problème du Sahara Occidental, n’est pas encore réglée. Loin s’en faut. Pis, les tentatives françaises allant dans ce sens n’ont abouti à aucun résultat palpable. Alors qu’Alger et Paris entretenaient depuis au moins août 2022, une relation forte et orientée vers l’avenir, l’annonce de la décision française, le 30 juillet dernier, a mis un coup d’arrêt à cette lune de miel qui s’est avérée éphémère. Toutes les avancées enregistrées dans le domaine de la mémoire (commission mixte d’historiens, remise des archives…), la coopération économique et les sujets de l’émigration sont désormais remis en cause ou tout au moins gelés. La visite d’Etat que devait effectuer le président de la République à Paris est remise aux calendes grecques et ce n’est surement la visite que prévoit d’effectuer le président français au Maroc dans les prochaines semaines qui va arranger la situation. Malgré la crise, le président français a tenté de reprendre langue avec les autorités algériennes. Profitant de l’élection présidentielle du 7 septembre dernier, Emmanuel Macron a été l’un des premiers à féliciter Abdelmadjid Tebboune après sa réélection. Dans la foulée, il a envoyé sa conseillère chargée du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, Anne-Claire Legendre, pour remettre au chef de l’Etat algérien un « message personnel » de son homologue français. Après un entretien de deux heures entre l’envoyée spéciale d’Emmanuel Macron et le président de la République, aucune avancée n’a été enregistrée dans les relations bilatérales. « Le président Tebboune n’a pas encore dépassé la colère née de la nouvelle posture française », a indiqué une source diplomatique. Autrement dit, la normalisation des relations diplomatiques entre Alger et Paris n’est pas pour demain.
Akli Ouali
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