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Bidonville de Chouf Lekdad à Sétif : Le relogement réussi contre vents et marées !

L’élimination de centaines de baraques et le relogement des anciens habitants du bidonville de Chouf Lekdad, le plus grand de Sétif, n’ont pas été de tout repos. Les différents intervenants, qui ont travaillé d’arrache-pied pour finaliser l’opération avant-hier, jeudi 3 octobre, ont dû faire face à un invité imprévu : une pluie torrentielle.

Le déluge, qui s’est abattu sur la capitale des Hauts Plateaux et les villes voisines, notamment El Eulma où la circulation a été fortement perturbée, a compliqué la tâche des équipes et des engins mobilisés pour reloger les familles, déjà ravies de leur nouvelle situation. Ce contretemps, bien que difficile à gérer, a été accueilli sans trop de mécontentement, car de telles averses sont toujours bénéfiques pour les réserves d’eau. Face à ces conditions, les autorités locales, et à leur tête Mustapha Limani, le wali, décidé à en finir avec cette plaie défigurant une partie de la cité séculaire, ont opté pour des heures supplémentaires. Ainsi, les équipes ont poursuivi leur travail hier, vendredi 4 octobre. Après avoir démoli un premier lot de plus de 1.000 taudis, il fallait continuer pour permettre aux 300 familles restantes de tourner définitivement la page de ce bidonville tristement célèbre. Celles-ci ont pris possession de leurs nouvelles habitations situées à Abid Ali, un nouveau pôle urbain au sud-ouest de Sétif, ou à Ouled Saber, à dix kilomètres à l’est de la ville. Il est important de souligner que la démolition des 1.300 baraques ne marque pas la fin du dossier « Chouf Lekdad ». Certes, l’essentiel a été accompli, et déraciner une « épine » vieille de plusieurs décennies a nécessité du courage. Cependant, les autorités vont désormais s’atteler à la régularisation de certaines constructions, conformément à la loi 08-15 du 20 juillet 2008, qui fixe les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement, afin de mettre fin à l’anarchie qui règne dans le secteur de l’urbanisme. En parallèle, les 250 à 300 occupants dont les baraques n’ont pas encore été démolies devront régulariser leur situation et « démentir » le « positif » du fichier national, sachant que certains d’entre eux possèdent déjà des biens ou ont bénéficié de logements ou de terrains. Après l’examen de leur « recours », la démolition se poursuivra pour ces citoyens. Un quota de 300 logements est réservé à cette catégorie d’habitants. Pour éviter toute réoccupation illégale, le site est désormais placé sous la protection des forces de l’ordre. Concernant la scolarisation des enfants, elle n’a pas été négligée. « Le relogement des 1.600 familles inclut bien sûr la scolarité des enfants. Certains seront inscrits dans les établissements d’Abid Ali et d’Ouled Saber, tandis que pour d’autres, des moyens de transport seront temporairement mis à disposition », explique Mustapha Limani, qui a relevé un défi de taille. Comme à son habitude, L’Est Républicain s’est rendu sur place pour recueillir les témoignages des anciens habitants. « Après plus de trente ans de misère à Chouf Lekdad, où j’ai cohabité avec les rats, les chiens errants, la diphtérie, les inondations, la mal-vie et les vendeurs et consommateurs de drogues, je revis enfin. La chaleur suffocante de l’été et le froid glaçant de l’hiver font désormais partie du passé. Je peux désormais fermer la porte à clé et dormir tranquille. Je ne peux décrire la joie de passer ma première nuit dans un logement décent. C’est un nouveau départ pour mes deux filles, qui vont enfin pouvoir vivre comme toutes les autres. Je remercie infiniment le wali qui a non seulement redonné de l’espoir à des centaines de familles, mais a aussi tenu ses promesses », témoigne Aïcha, une résidente désormais installée à Abid Ali. Le même sentiment anime Amor, un autre ancien habitant de Chouf Lekdad. « Voir mes petits-enfants jouer avec tant de joie dans notre nouvelle cité, c’est tout simplement indescriptible. Une page sombre se referme et une nouvelle, bien plus belle, s’ouvre pour nous », conclut-il, submergé par l’émotion. Les mêmes scènes de liesse égayent et éclairent des centaines d’appartements publics d’Ouled Saber où sont désormais installés les anciens occupants du baraquement rasé.    

Kamel Beniaiche

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