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Bibliothèque centrale de Biskra : Selim Betka se met dans la peau d’Isabelle Eberhardt

Pour promouvoir le nouveau roman de Selim Betka titré « Isabelle », la bibliothèque centrale Mohamed Assami de Biskra a organisé avant-hier, samedi 5 octobre, en collaboration avec le bureau local de l’Union des écrivains algériens, une rencontre littéraire à laquelle ont pris part un panel d’enseignants, d’artistes et de férus de lecture et d’histoire, a-t-on relevé. Selim Betka est né en 1963 à Biskra. Il est professeur au département des langues de l’université Mohamed Khider et l’auteur de plusieurs autres romans, dont « La messe du cardinal, Dimanche noir, Confinis et le Cri des sandales usées », où il prend pour substrat les grands événements historiques ayant jalonné l’histoire contemporaine nationale pour y tisser des séquences descriptives et des tableaux de villes, de villages et de paysages et raconter la vie, les points de vue et les tribulations de personnages connus ou anonymes dans un style narratif particulier. Dans « Isabelle », livre de 260 pages rédigé en langue arabe classique publié aux Éditions Ali Benzid, il construit son récit autour de la personnalité d’Isabelle Eberhardt. Celle-ci n’est plus à présenter pour les initiés, les académiciens et les historiens. Née en 1877, elle est célèbre pour son amour de la vie « orientale », pour ses carnets de voyage en Algérie et pour sa vie aventureuse et périlleuse ainsi que son désir de vivre pleinement et d’explorer le monde. Elle est morte en 1904 à Ain Sefra dans les crues d’un oued. L’intention première de notre écrivain était de raconter la vie à l’Hôtel du Sahara de Biskra qui a été dernièrement détruit. Au cours de ses recherches de la documentation, son attention a été attirée par le nombre incroyable de personnalités du grand monde des XIX et XXe siècles qui ont visité et ont profité de séjours dans cette ancienne oasis du sud-est de l’Algérie. Isabelle s’est imposée d’elle-même comme le personnage charnière de son récit eu égard au caractère émancipé de cette femme, l’attirance de celle-ci pour les contrées sahariennes et ses rapports avec l’Islam ainsi que ses relations avec l’armée d’occupation française, a-t-il souligné. « Dans ce roman, je recours à la polyphonie pour rapporter les remarques du narrateur et les regards de plusieurs personnages ayant côtoyé, aimé, détesté, honni ou admiré cette femme qui était polyglotte, issue des aristocraties russe et française et subjuguée par ses lectures et par les orientalistes et qui a fini par adopter le mode de vie bédouin. Sur plusieurs chapitres, j’ai tenté de me mettre dans la peau de cette aventurière, d’endosser son costume et de plonger au fond de son esprit pour comprendre ses motivations et ses rapports avec l’Algérie ainsi que les influences et les rencontres à l’Hôtel du Sahara, où elle a séjourné six fois, qui l’ont poussée à s’habiller en homme, à s’intégrer dans la société algérienne traditionnelle de l’époque et à se marier avec Slimane Lhanni.  L’autre objectif de ce roman est de mettre en avant l’enchantement et la félicité d’Isabelle Eberhardt d’être à Biskra et également de dénoncer les allégations de ceux qui soutiennent qu’elle était une personnalité complexe, entourée d’ombres et de mystères et une informatrice de l’armée coloniale, alors qu’elle était une autrice de talent, une journaliste de guerre, une négociatrice aguerrie et une aventurière dont la vie et la mort tragique continuent d’alimenter l’imaginaire des artistes. Ce roman construit comme un synopsis est pour moi une forme de réhabilitation de cette femme dont la vie est passionnante et qui a été subjuguée par la vie dans les steppes et les contrées sahariennes », a confié Selim Betka. Celui-ci espère que ce roman trouvera son public et que des metteurs en scène de théâtre ou des réalisateurs de longs-métrages cinématographiques y puiseront de quoi alimenter leur inspiration pour en faire des œuvres audiovisuelles « car l’histoire d’Isabelle Eberhardt est truffée de périphéries et de rebondissements se déroulant dans les grands espaces désertiques et les oasis algériennes qui dépassent même l’imagination des plus grands scénaristes », estime-t-il. A noter que cette rencontre littéraire de bonne facture s’est clôturée par une séance de vente-dédicace d’ « Isabelle » dont une trentaine d’exemplaires ont été écoulés à la grande surprise de l’écrivain qui s’est dit enchanté et heureux d’avoir participé à cet événement culturel.                                                                              

Hafedh Moussaoui

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