Plusieurs thèmes visant à optimiser la prise en charge des pathologies cancéreuses ont constitué le fil rouge de la deuxième édition des entretiens du Centre de Lutte Contre le Cancer (CLCC) de Sétif, qui a réuni, jeudi 4 et vendredi 5 octobre, près de 300 spécialistes du secteur public, venus de 28 wilayas du pays. Le comité scientifique a concocté un programme riche et varié, comprenant plusieurs aspects de la cancérologie, avec un focus sur des sujets d’actualité tels que l’apport de l’intelligence artificielle, la biopsie liquide, le testing moléculaire, ainsi que les dernières données de recherche en cancérogénèse. Les avancées thérapeutiques, entre autres les thérapies ciblées et l’immunothérapie anticancéreuse, ont également été au cœur des discussions. L’objectif principal de ces échanges était de partager des expériences, des savoirs et des compétences, afin d’améliorer le quotidien et la prise en charge des patients, tout en tenant compte des particularités de notre société. Selon le Pr Hussein Adlane Dib, oncologue et président du congrès, les chiffres de 2020 sont alarmants : l’Algérie enregistre 47.000 nouveaux cas de cancer par an, avec une incidence qui ne cesse d’augmenter, notamment pour le cancer du sein, les cancers colorectaux et la prostate. « Notre objectif est de comprendre les causes de ces cancers. Par exemple, lors de ce congrès, nous avons abordé certaines modifications génétiques liées au cancer du sein, en nous interrogeant sur les raisons pour lesquelles ce type de cancer touche des femmes jeunes en Algérie. Nous avons également présenté une communication sur la virologie des cancers de la tête et du cou, en nous demandant si les virus jouent un rôle dans l’apparition des cancers ORL ‘oto-rhino-laryngologiste, NDLR). Ces thématiques ont été développées par des chercheurs algériens », nous dira d’emblée le Pr Dib. Il a par ailleurs souligné que des progrès notables ont été réalisés dans la lutte contre le cancer, notamment avec des innovations thérapeutiques, dont certaines thérapies ciblées, certes coûteuses, mais très efficaces, sont désormais disponibles en Algérie. Pour ce qui reste à accomplir, notre interlocuteur a insisté sur la nécessité de sensibiliser la population générale aux méfaits du tabac, tout en cultivant une culture de la santé, « car 40 % des cancers sont évitables ». Le chef de file des organisateurs a également souligné l’importance de la formation dans ce domaine. Il a cité en exemple les ateliers pratiques organisés, qui ont porté sur l’onco-psychologie, les soins infirmiers, le rôle du médecin généraliste face au cancer du sein et la biologie moléculaire. Enfin, il a plaidé pour une rationalisation des dépenses de santé. En ce qui concerne les chiffres, le Pr Dib a signalé que le cancer du sein reste en tête, avec environ 14.000 à 15.000 nouveaux cas par an. Viennent ensuite celui du poumon, avec 3.500 à 3.600 nouveaux cas, ainsi que le cancer colorectal, qui émerge comme un problème de santé majeur en Algérie, souvent classé en première ou deuxième position. Le cancer de la prostate, quant à lui, continue d’augmenter de manière significative, a-t-il ajouté. Le Pr Dib a toutefois préféré s’attarder sur l’importance de sensibiliser la population et de démystifier cette maladie souvent perçue comme incurable, pour la présenter plutôt comme une maladie chronique. Parmi les recommandations formulées par les congressistes, lues par le Pr Dib, plusieurs points clés ont été mis en avant. Il s’agit notamment de « l’importance d’accompagner les évolutions dans la lutte contre le cancer, notamment celles liées à la prévention ». Cela passe par la formation médicale continue du personnel impliqué dans la prise en charge des patients, ainsi que par un recyclage périodique, indique-t-on. Il est également essentiel de numériser les centres de lutte contre le cancer et d’améliorer leur coordination pour optimiser la prise en charge et développer les méthodes de traitement, ajoute-t-on. De plus, la promotion de la santé de proximité grâce aux unités de soins structurées, proches des patients, a été soulignée. Enfin, les spécialistes ont noté la nécessité d’utiliser de manière rationnelle les médicaments destinés au traitement du cancer, afin de rationaliser les dépenses, tout en privilégiant le dépistage périodique pour détecter la maladie à un stade précoce.
Faouzi Senoussaoui
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