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Marché informel des devises à Annaba : L’euro flambe, les arnaques se multiplient

Ces jours-ci, surtout avec le départ des premiers contingents de pèlerins à La Mecque pour l’accomplissement de la « Omra », la demande d’euros s’accentue davantage sur le marché informel des devises à Annaba. La monnaie unique européenne a grimpé en flèche pour atteindre, jeudi 3 octobre, un nouveau record face au dinar algérien, en raison de la rareté de l’offre. En effet, le billet de 100 euros s’échangeait contre plus de 26.000 dinars. Hier, dimanche 6 octobre, il s’échangeait à 24.500 dinars. Le comble, cependant, révèlent des sources bien informées, est qu’il faut se méfier des entourloupes. Les transactions ne sont pas toujours évidentes. Vous pouvez vous faire avoir si vous ne prenez pas le soin de recompter votre argent et de vérifier l’authenticité des billets. Annaba a ses cambistes, comme bon nombre d’autres villes algériennes. Ces agents de change informels vous proposent à la vente et à l’achat des euros, dollars, dinars tunisiens et autres devises selon la nécessité du moment. À Annaba, ils font partie du quotidien de la rue Gambetta, l’avenue la plus commerçante. Certains commerçants de cette artère, principalement des bijoutiers, jouent également le rôle de bureaux parallèles de change. Mêlés à la multitude de vendeurs à la sauvette qui occupent également les lieux depuis des années, les « baznassa » ne cachent même plus leur activité pourtant totalement illicite. Bien au contraire, face à l’impunité, ils s’affichent ouvertement en se tenant alignés le long du trottoir, des liasses de billets de banque à la main, proposant à voix haute le change à quiconque passe près d’eux. Des scènes qui ne choquent plus personne à Annaba. Cependant, les risques d’arnaque sont énormes. D’ailleurs, de nombreux citoyens se sont vu soustraire des sommes importantes lors de transactions avec ces cambistes. Certaines personnes moins averties ont été délestées de tout ce qu’ils avaient de valeur pour avoir eu la naïveté de suivre l’un de ces cambistes au fond d’un couloir sombre d’immeuble, dans des ruelles peu fréquentées aux environs immédiats de la rue Gambetta. Le stratagème est simple et efficace. Sous prétexte de « la crainte des policiers ou simplement pour une discrétion nécessaire à ce genre de transactions », les escrocs attirent souvent leurs victimes loin des regards. Une fois isolés, ils feindraient une grande agitation pour compter les liasses de billets (dinars algériens ou devises étrangères) qu’ils auront préalablement disposées de manière à en gonfler le volume pour l’illusion. Cette mise en scène porte ses fruits à pratiquement tous les coups. Selon des bruits de couloir, beaucoup de personnes auraient été escroquées avec des faux billets. La victime ne se rend compte du subterfuge qu’une fois rentrée chez elle, après avoir compté ou vérifié les billets en question, dont la plupart était de la monnaie de singe. Il est ensuite difficile, voire impossible, de retrouver la trace du faux agent de change, même en retournant immédiatement sur les lieux de la transaction, rapportent des personnes flouées. Très peu d’entre elles pensent à porter plainte officiellement, étant elles-mêmes dans l’illégalité pour avoir échangé leur argent en dehors du circuit officiel. L’escroc aura vite fait de disparaître et aucun autre cambiste ne vous renseignera sur son identité ou son adresse, car la loi de l’omerta (loi du silence) est de rigueur dans ce milieu mafieux. Tant que les services de lutte contre cette activité totalement illicite brillent par leur inaction, le change parallèle reste florissant rue Gambetta.

B. Salah-Eddine

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