Les déclarations de Dominique de Villepin sur France info, radio publique française d’information continue, ont provoqué un véritable séisme dans les rangs de l’extrême-droite. Celui qui avait occupé le poste de Premier ministre du 31 mai 2005 au 17 mai 2007 sous la présidence de Jacques Chirac, après avoir été successivement Secrétaire général à la Présidence et ministre des Affaires étrangères a mis à nu l’odieuse mise en scène conçue par une partie du microcosme politique parisien dans le but de rendre l’Algérie responsable de certains problèmes internes dont fait face la France. En effet, et cela dure depuis des mois, des femmes et des hommes politiques qui s’acharnent à accuser l’immigration notamment algérienne de tous les maux, ne dissimulent plus leurs tendances xénophobes soutenus en arrière-plan par des cercles nostalgiques de la période coloniale. Dominique de Villepin a d’emblée regretté la « la tentation » en France « de faire de l’Algérie le bouc émissaire d’un certain nombre de nos problèmes », notamment « en matière d’immigration ». Une entrée en matière qui a fortement secoué les groupuscules d’extrême-droite. « Cela fait malheureusement de longs mois, pour ne pas dire années, que l’on voit la relation avec ce grand pays ami frère qu’est l’Algérie, se dégrader jour après jour. De dégradation en dégradation, on en vient à des accusations qui, évidemment, dépassent et de loin, toute réalité », a-t-il déploré hier lors de son intervention radiophonique. Ces déclarations ont été formulées dans un contexte marqué par une détérioration sans précédent des relations algéro-françaises. Elles ont d’ailleurs coïncidé avec celles du Président. Celui-ci a exclu à la télévision de se rendre en France et a accusé la France de génocide pendant la colonisation. Au sujet des accords algéro-français de 1968 et des cercles qui insistent pour les remettre en cause, Abdelmadjid Tebboune a soutenu que cela est « devenu un étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes » en France. Alors que l’ancien diplomate français soulignait que l’Algérie « n’a pas à porter cela et nous avons à trouver avec les Algériens des réponses et des solutions ». « Vouloir brandir aujourd’hui le symbole de l’accord de 1968, dont nous savons tous qu’il est une des conséquences des accords d’Evian. C’est vouloir ouvrir une guerre avec l’Algérie ? Une guerre des mémoires ? Tout cela est absurde, il y a d’autres chemins », a-t-il assuré. « Aujourd’hui, nous réglerons la question de l’immigration des Algériens détenus en centres de rétention administrative et que nous voulons renvoyer chez eux qu’en accord avec l’Algérie », a-t-il tenu à dire, soulignant que « cela implique le dialogue, ça implique le respect et ça implique la capacité d’assumer cette histoire qui est partagée et qui est si importante des deux côtés de la Méditerranée ». A propos du soutien de l’Elysée au supposé « plan d’autonomie marocain » concernant le Sahara occidental, Dominique de Villepin a affirmé que la démarche a contribué à une nouvelle crispation entre les deux pays. « Nous aurions dû faire tout cela dans le cadre des Nations unies et en liaison avec l’Algérie », a-t-il estimé.
Mohamed Mebarki
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