Lors du dernier Conseil des ministres, une décision importantissime est annoncée dans le communiqué de la Présidence. Il s’agit de l’augmentation de l’allocation devises pour les touristes algériens et les Hadjis. Le sujet est d’une telle sensibilité, surtout avec la situation actuelle du marché parallèle de la devise, que les réseaux sociaux ont connu aussi tôt un emballement enthousiaste, accompagné d’un cortège de questions sur le nouveau mentant, l’impact sur la bourse officieuse de Port Said d’Alger, les nouvelles modalités. Des universitaires algériens interrogés hier par la télévision, sont unanimes pour prédire un effet impactant sur le marché parallèle du fait de la baisse de la demande que la mesure prise induira. « Les conséquences sur le marché informel seront mécaniques, mais leur ampleur dépendra du nouveau montant qui sera fixé, j’estime qu’il faut un minimum pour préserver la dignité de l’Algérien qui est devenu depuis des années l’otage, voir la proie des trabendistes », estime Soleimane Nasser de l’université de Ouargla. Actuellement, elle est d’un peu plus de 90 euros, correspondant à la somme de 15.000 dinars, l’allocation touristique n’a pas été augmentée depuis 1997, dégringolant au fil des années, avec les dévaluations successives du dinar, décidées par la Banque d’ Algérie. Abdelkader Berriche, député et président de la commission des Finances, rappelle que le communiqué de la Présidence parle d’une « augmentation conséquente de l’allocation », expliquant à ce propos que « plus l’augmentation est importante, moindre sera la demande sur le marché parallèle » Le député met en corrélation l’augmentation de l’allocation touristique et la dernière mesure du ministère de l’Intérieur de « stopper provisoirement les immatriculations des voitures de moins de trois ans importés d’Europe », jugeant que les deux sont en « rapport directe avec la panique engendrée par la flambée de l’euro et du dollar ces derniers jours » Bien sûr que l’augmentation du montant de l’allocation, ni la suspension des immatriculations, ne viendront pas du jour au lendemain à bout du marché parallèle qui est inscrit dans le paysage financier de l’Algérien depuis des années, « mais ça va au moins enrayer la tendance haussière de ces derniers jours », juge le président de la Commission des finances de l’APN. Et ce dernier de faire deux propositions : primo, l’ouverture des bureaux de change, puis facilitation des procédures pour les Algériens et nos émigrés d’ouvrir des comptes en banque à la BNA , avec une meilleure fluidité des opérations. Secondo, interdire définitivement le marché parallèle de la devise et « qualifier juridiquement de crime contre l’économie du pays » L’économiste Youcef Lhellafi, reste quant à lui très « mitigé » quant à « la mort programmée » du marché informel. » Certes, l’augmentation de l’allocation de devises aura un effet sur le square , mais très minime, car les gros demandeurs de la devise, ce sont les importateurs, les affairistes qui sont les gros clients du square Port Saïd » Pour lui la fin du marché de l’informel « passe inévitablement par un changement de paradigme économique à travers la liberté de change, comme cela a été fait dans les années 90 par les anciens pays communistes comme la Hongrie, le Roumanie, la Slovaquie qui ont connu, eux aussi , le phénomène du change parallèle » Il faut donc attendre le début de l’année 2025 et l’adoption de la loi de finances qui va fixer le nouveau montant de la l’allocation touristique à laquelle les Algériens auront droit.
H.Khellifi
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