La nouvelle de la mort du moudjahid Brahim Adjami est tombée tel un couperet. Elle s’est répandue comme une traînée de poudre. Il s’est éteint paisiblement hier, mardi 8 octobre, au milieu des siens à Annaba, sa ville natale, à l’âge de 96 ans. Le 17 août 2021, le moudjahid Brahim Adjami nous avait reçus chez lui, dans sa résidence située boulevard Bouzered Hocine, dans le quartier la Colonne. Il avait alors accordé à notre quotidien une interview exclusive. Égal à lui-même, l’enfant de la vieille ville, communément appelée Place d’Armes, n’y était pas allé avec le dos de la cuillère pour apporter des éclaircissements sur le mouvement national algérien. Ancien membre de l’Organisation Spéciale (OS) et fidèle au père du nationalisme algérien, il avait côtoyé les grands de la Révolution : Mohamed Boudiaf, Didouche Mourad, Amar Benaouda, Chergui Brahim, Bekkouche Abdelbaki et Hocine Benzaïm. Il nous avait fait savoir que Messali Hadj avait consacré sa vie à la lutte pour l’indépendance de son pays. Selon lui, Messali Hadj était l’architecte de la Bataille d’Alger avant qu’elle ne soit portée par le FLN. « Malheureusement, le mode de gouvernance adopté par ceux qui ont pris le pouvoir en 1962 était contraire aux idéaux des architectes de l’Indépendance », disait-il. « Depuis que notre pays a recouvré son Indépendance, nous avons perdu beaucoup de temps dans tous les domaines. Les pays, qu’ils soient européens ou africains, que nous devancions économiquement à l’époque, sont devenus dix fois plus performants que le nôtre. Aujourd’hui, ces nations réalisent un taux de croissance à deux chiffres ». Et d’ajouter : « J’ai sacrifié ma vie, ma jeunesse pour que l’Algérie ait son indépendance et devienne un pays développé et démocratique. L’Algérie doit compter plus que jamais sur ses propres enfants intègres et honnêtes qui sont capables de la hisser dans le concert des nations les plus développées ». Au cours de cet entretien, cette figure emblématique nous avait parlé de la première réunion secrète de l’OS, tenue en 1947 à son domicile parental dans la Place d’Armes. « Par mesure de sécurité, cette réunion s’est tenue chez mes parents, avec la participation des révolutionnaires cités plus haut. Elle portait sur la formation paramilitaire et l’apprentissage des techniques de guérilla », avait-il raconté. Natif d’Annaba, Brahim Adjami avait fait ses premières armes dans les Scouts Musulmans Algériens (SMA) dès 1939. Né le 16 novembre 1928, il était un champion de boxe, d’abord au Jeunesse Bônoise Athlétique Club (JBAC) puis à l’Union Sportive Musulmane de Bône (USMB). « Je pouvais être un champion du monde de boxe dans la catégorie des poids moyens, mais le devoir envers la mère patrie me dictait de prendre les armes pour combattre l’ennemi afin que mon pays recouvre son indépendance », avait conclu « Aâmmi Brahim », souriant, avec un regard plein d’espoir tourné vers l’Algérie nouvelle. Le collectif de L’Est Républicain présente à sa famille ses sincères condoléances.
Nejmedine Zéroug
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