Finie la trêve de l’élection présidentielle algérienne, les relations algéro-françaises reviennent à leur ancienne configuration : tumultueuses. Trois mois après le rappel de son ambassadeur à Paris en signe de protestation contre la position française portant sur la reconnaissance du « plan d’autonomie » du Maroc au Sahara Occidental, la colère de l’Algérie ne retombe pas. Les premières sanctions économiques tombent. Selon l’agence Reuters, l’Algérie a arrêté toute importation du blé français. Pis, même l’achat des céréales françaises auprès de pays tiers est désormais interdit. Jusque-là, la France était l’un des principaux fournisseurs de l’Algérie en blé aux cotés de la Russie, de l’Ukraine et des pays de l’Amérique latine. Cette décision d’arrêter l’importation de blé français intervient après d’autres décisions de rétorsion prises par l’Algérie à l’encontre de la France. En juillet, le ministère de l’Industrie a mis subitement fin aux espoirs du groupe automobile Renault de voir leur usine de Oued-Tlélat, à Oran, rouvrir ses portes après des années de fermeture durant lesquels la marque au Losange s’est vue obligée de se conformer avec la nouvelle législation algérienne sur l’automobile. Pourtant, les responsables de la société s’étaient préparés à rouvrir pour fin juillet, suivant ainsi les promesses du ministère de l’Industrie. Mais à la dernière minute et suite à la lettre envoyée par Emmanuel Macron au roi du Maroc, les services de Ali Aoun ont informé la représentation de la société française que leur dossier était « incomplet ». La chaîne de montage ne rouvrira pas de sitôt. La semaine dernière, les autorités algériennes ont signifié à la maison d’Edition de livres Gallimard, l’une des plus importantes du monde francophone, leur refus de la voir présente au prochain Salon international du livre d’Alger (SILA, du 06 au 16 novembre). Des sources concordantes indiquent que la raison du refus de la participation des éditions Gallimard est liée à la brouille diplomatique en cours entre Alger et Paris. Cette interdiction ne concerne pas d’autres éditeurs français cependant. Ces sanctions s’ajoutent à la cessation de tout contact, diplomatique ou autre, avec les autorités françaises. Y compris avec la représentation diplomatique de la France à Alger. Ces mesures de rétorsion ressemblent à celles prises en 2022 contre le Royaume d’Espagne suite à une prise de position similaire sur la question du Sahara Occidental. Mais deux ans après, les liens économiques entre les deux pays ont repris, malgré la persistance du froid sur le plan diplomatique puisque jusqu’à présent, aucun haut responsable espagnol n’a visité l’Algérie.
Akli Ouali
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