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Insécurité aux abords des cités U’ à Sétif : Des étudiantes tirent la sonnette d’alarme

Après la pause estivale, le manège des véhicules rôdant ou stationnant autour des résidences universitaires, en particulier celles de l’université Mohamed Lamine Debaghine (Sétif-2), reprend de plus belle. Ce phénomène est particulièrement visible en fin de journée. Malgré l’arrêté du wali interdisant tout stationnement aux abords des résidences féminines, des voitures aux vitres teintées continuent de circuler, importunant les étudiantes à bout. Le « phénomène » qui écumait les alentours de Samo, l’une des plus anciennes cités U’ de la région accueillant plus de 69.000 étudiants, a mis le « cap » sur celles de Sétif-2. Ce spectacle quotidien n’échappe à personne. Le problème, rappelons-le, a été soulevé lors de la dernière session de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW). Les commerçants et riverains des environs expriment également leur indignation face à ces comportements à la fois douteux et néfastes. « Il est impératif d’intensifier les rondes de police et de sévir. Ces petits délinquants, sans foi ni loi, n’ont rien à faire aux abords d’une institution publique, et encore moins d’une résidence universitaire pour jeunes filles. C’est une situation intolérable que nous devons dénoncer et combattre fermement », s’indignent des habitants, outrés par l’attitude de ces nouveaux venus. Les commerçants des environs – propriétaires de cafés, restaurants ou supérettes – partagent ce sentiment. « Nous entretenons d’excellents rapports avec les résidentes de la cité. Ce va-et-vient incessant de ces oisifs doit cesser une bonne fois pour toutes. Certains viennent même de loin pour frimer autour de la résidence. Cette situation est intenable. Il est impossible de discuter avec eux car ils sont à la fois méchants et violents. Le comportement de certains, roulant dans des voitures de luxe, est suspect. Il ne faut pas avoir peur des mots ; ce sont de petits dealers. À la sortie de la résidence, les étudiantes, que nous considérons comme nos propres filles, sont souvent accostées et agressées verbalement par cette meute. Il est inconcevable de faire comme si de rien n’était. À cause de ces harcèlements, ces jeunes femmes, qui devraient pouvoir circuler librement, hésitent à sortir. Il faut que ces scènes disparaissent définitivement ».

« Certains hommes se croient tout permis »

« Personnellement, je ne me suis jamais sentie en danger à l’intérieur de la résidence. Cela fait plusieurs années que je suis ici, et aucun incident n’a été signalé. Nous nous sentons en sécurité. Mes amies partagent ce sentiment. Cependant, nous espérons que la sécurité sera renforcée à l’extérieur afin que les harcèlements dont certaines filles sont victimes cessent. Il nous arrive de ne pas pouvoir circuler librement à cause de ces comportements. A la longue, supporter de telles choses n’est pas facile. Il nous arrive parfois de craquer et de crier notre ras-le-bol », témoigne Loubna, étudiante en droit. Elle ajoute que si des améliorations doivent être faites, ce serait dans la restauration et les conditions d’hébergement. Nabila, étudiante en troisième année de langues, partage le même constat : « Je prépare une licence d’anglais et je n’ai rien à reprocher à la sécurité à l’intérieur de la résidence. Les agents veillent à ce qu’aucun débordement n’ait lieu, et ils méritent d’être félicités pour cela. Par contre, à l’extérieur, nous subissons les comportements irrespectueux de certains jeunes hommes qui se croient tout permis. Ils lancent des insultes et des menaces, ce qui est difficile à supporter. Il est important d’aborder ce sujet. L’insécurité autour des résidences ne doit plus être taboue. Ces individus contribuent à la dépravation de certaines filles en les incitant à adopter des comportements déviants comme la consommation de cigarettes, d’alcool et de psychotropes. Il est temps de mettre fin à cette situation. Il ne faut pas se voiler la face. Ces gens-là représentent un danger ».

La police régulièrement alertée

Pour connaître la position de l’administration, nous avons contacté le Directeur des Œuvres Universitaires (DOU) de Sétif-2, qui a rappelé l’existence de l’arrêté du wali : « Nos étudiantes sont en sécurité à l’intérieur des résidences, où un nombre important d’agents de sécurité est mobilisé. Nous n’avons pas le droit d’intervenir à l’extérieur, mais cela ne signifie pas que nous fermons les yeux. Nous alertons régulièrement les services de police, qui interviennent rapidement. L’arrêté du wali – que je salue au passage – diffusé à la fin de l’année universitaire dernière interdit strictement tout stationnement aux abords des résidences. Le document en question est toujours en vigueur. Nous ne tolérons aucun dépassement, car la sécurité de nos étudiantes est à la fois notre priorité et une ligne rouge ». À l’École Normale Supérieure (ENS) Messaoud Zoughar d’El Eulma, le phénomène a presque disparu. « Grâce aux rondes régulières de la police, ces individus ont été dissuadés. Cependant, nous restons vigilants », confie le directeur de l’école, Pr Ali Boukaroura, soulagé que ses étudiantes puissent vaquer à leurs occupations en toute tranquillité.

Kamel Beniaiche

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