Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, vient d’assurer et rassurer les professionnels de l’automobile et les usagers que la non-disponibilité des véhicules neufs sur le marché ne sera plus qu’un mauvais souvenir dans peu de temps. À la bonne heure ! On ne sait pas pour quand exactement, mais le ministre promet que ça va redémarrer, et en trombe ! On ne demande qu’à croire. En effet, Aoun révèle que c’est lui-même qui a demandé aux « producteurs » de stopper la production et donc la commercialisation, le temps de constituer des « stocks importants », avant de mettre les véhicules en vente. C’est donc une sorte de « pénurie » organisée par le ministre, pour éradiquer ces images pas très jolies de particuliers vendant des véhicules neufs sur les trottoirs, comme on exposerait des étals de fruits et légumes. Ces barons, qui font des bénéfices énormes sur le dos des citoyens, vont ainsi être contraints de vendre leurs stocks à des prix presque égaux à ceux des usines. À ceux qui soutiennent que la filière automobile serait mort-née, le ministre réitère la détermination des pouvoirs publics à jeter les jalons d’une industrie automobile « qui doit jouer son rôle de développement du secteur de l’industrie mécanique en Algérie ». Exit donc le gonflage des pneus, comme le faisaient Tahkout et ses acolytes, du temps de la « Jahilya » économique. Aoun précise que sa stratégie vise à garantir une « production et une disponibilité suffisante de véhicules sur le marché algérien ». « L’industrie automobile est sur la bonne voie », assure-t-il, avant d’ironiser sur les « pseudo-chaînes de montage » qui existaient avant 2019, dans une allusion évidente aux pratiques mafieuses des hommes de main de la « Issaba ». Ceci étant dit, le citoyen qui désire acquérir un véhicule neuf ne doit pas non plus attendre des mois, voire des années. La patience a des limites. Le gouvernement doit être capable d’imposer des délais de rigueur aux opérateurs qui investissent ce créneau si juteux. Autrement dit, on ne doit pas passer du gonflage des pneus au gonflage des délais. Depuis quatre années au moins, le gouvernement se contente des effets de manche et d’annonces. Entre la menace brandie contre les sangsues de cette filière et la promesse d’en finir avec les pannes d’approvisionnement du marché, on aperçoit un soupçon de visibilité sur le chemin menant vers cette industrie automobile, qui prend l’allure d’une Arlésienne. Les Algériens ne peuvent légitimement pas s’empêcher de regarder dans le rétroviseur et de fixer les mauvais souvenirs qui trônent comme des fantômes. Un coup d’accélérateur s’impose plus que jamais, pour chasser le doute et tuer la rumeur.
Par Imane B.
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