Une affaire aussi incroyable qu’invraisemblable secoue le club emblématique d’Aïn El Fouara. Le protagoniste de cette rocambolesque histoire n’est autre que le Nigérien Djibril Boubaker Gomé. Sans mesurer les conséquences de son acte, le joueur a pris la poudre d’escampette sans prévenir. Qualifié, nous dit-on, le lundi 14 octobre, à titre exceptionnel et hors délai, Djibril a bénéficié de l’avis favorable de la FIFA, suite à une demande de l’ESS, qui embauchait ainsi un international sans club. D’après une source fiable, la tâche n’a pas été simple pour la direction sétifienne. Contre toute attente, malgré la signature d’un contrat de deux saisons et le début des entraînements, Djibril a soudainement pris ses affaires et quitté le club. La direction, qui avait pourtant réglé la caution imposée par la Fédération Algérienne de Football (FAF), a été prise de court. Équivalente à douze mois de salaire, cette caution est exigée pour chaque joueur étranger recruté en Ligue 1, afin de protéger ses intérêts. Grâce à cette mesure, Djibril n’aurait plus eu besoin de recourir à la FIFA pour récupérer ses salaires impayés. L’escapade du joueur, assimilée à une fuite, a laissé les fans de l’ESS stupéfaits. Ils ne comprennent pas ce départ soudain et critiquent le silence de la direction, en particulier celui du porte-parole (fonctionnant en outre en mode manager général) et du directeur sportif, qui n’a jugé utile ni de commenter l’affaire, ni de répondre aux spéculations enflammant les réseaux sociaux. Malgré le black-out médiatique imposé par un salarié du club, L’Est Républicain a appris que le Président-Directeur Général (PDG) de la SSPA/Black Eagles, Nabil Kebaili, ainsi que l’entraîneur Redha Bendris, ont tout tenté pour convaincre le joueur de revenir sur sa décision, en vain. Toujours selon la même source, Djibril a avancé plusieurs excuses pour justifier son départ, se plaignant d’abord de difficultés d’adaptation, puis évoquant des problèmes familiaux, qui l’obligeraient à interrompre son aventure à Sétif avant même qu’elle ne commence réellement. Une situation qui embarrasse fortement l’ESS, d’autant plus que la blessure de Hadji, l’unique attaquant de pointe, vient compliquer encore davantage les choses. Hadji, qui souffre d’une déchirure musculaire, sera indisponible pour au moins trois semaines. Le départ précipité de Djibril tombe donc au pire moment, mettant le club dans une impasse. La rétention d’informations met une chape de plomb sur la position officielle du club, qui devrait toutefois prendre des mesures légales. Logiquement, un huissier de justice sera sollicité pour constater l’abandon de poste, avant qu’une plainte ne soit déposée auprès de la FIFA. Cette affaire met en lumière les dysfonctionnements internes de l’Aigle Noir, un club fonctionnant avec deux administrations parallèles. L’une, officieuse, est l’œuvre du manager général, qui a transformé le siège de la cité Tlydjene en une sorte de « pôle de performance » fantomatique. Mais il est difficile de parler de performance lorsqu’on évolue sans véritable attaquant de pointe et sans un meneur de jeu de la trempe de Salhi Abdelhamid, Nacerdine Adjissa, Malik Zorgane, Lazhar Hadj Aissa, ou Abdelmoumen Djabou. L’actionnaire principal, Sonelgaz, qui ne lésine pas sur les moyens, devrait reprendre les choses en main pour mettre fin aux dégâts provoqués par la politique de la « carte blanche », tant qu’il est encore temps. En attendant des jours meilleurs, cette affaire accentue la déprime de Redha Bendris, qui doit désormais trouver une solution pour bien négocier la prochaine rencontre contre l’ES Mostaganem, son ancienne équipe. En plus d’une cascade de forfaits, Douar, Hadji et Djahnit, qui aurait demandé à partir en Finlande pour y subir une opération chirurgicale, le match se jouera dans un stade vide, conséquence des sanctions infligées au club pour l’usage de projectiles et de fumigènes par les supporters. En plus de la suspension du public, l’ESS devra payer une nouvelle amende de vingt millions de centimes. Il est à noter qu’au cours de la saison précédente, le club aurait déjà réglé une facture « salée », de plus d’un milliard de centimes, pour des faits similaires.
Kamel Beniaiche
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