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Profession comptable : Plaidoyer pour une réforme profonde

Une quarantaine d’experts comptables et de commissaires aux comptes (CAC), représentant leurs confrères de plusieurs wilayas de l’est du pays, ont tenu un conclave lundi 21 octobre à l’institut MBI de Sétif. La réunion a été présidée par Mohamed Yahiaoui, président du Conseil national de la chambre des commissaires aux comptes et membre du groupe chargé de la révision de la loi 10/01. Selon le chef de file de la chambre nationale des CAC, la profession est en pleine mutation, car l’environnement a changé et la technologie s’est bien installée, imposant des changements dans la gestion de la profession. « La loi 10/01 et ses textes d’application sont devenus obsolètes depuis plusieurs années et ne répondent plus aux besoins des professionnels. Actuellement, la profession est fragmentée, voire divisée en trois corps : les experts comptables, au nombre de 300, l’organisation professionnelle des commissaires aux comptes, qui compte 2.800 membres, et l’organisation nationale des comptables agréés, également composée de 2.800 personnes. La quasi-totalité des professionnels plaide pour une fusion de ces trois organes et estiment qu’il n’est pas judicieux que notre profession soit représentée par trois entités, alors que nous avons les mêmes missions, prérogatives et préoccupations », nous dira d’emblée Mohamed Yahiaoui. En ce qui concerne le deuxième point soumis au débat des experts, notre interlocuteur déclare : « Actuellement, toutes les instances de la profession sont hyper-centralisées à Alger. Un professionnel du sud du pays qui souhaite se former ou participer aux élections doit y consacrer cinq jours. Il est donc impératif de décentraliser, comme cela se fait sous d’autres cieux ». Pour étayer ses propos, il a cité deux exemples : la Tunisie et le Canada, où les instances représentant la profession sont organisées en conseils régionaux. Il nous dira en substance : « Avec son immense territoire et ses cinquante millions d’habitants, l’Algérie mérite une organisation qui prenne en compte la proximité et le contexte régional ». S’agissant du troisième point débattu lors du conclave, à savoir l’indépendance de la corporation, le numéro un du Conseil national des commissaires aux comptes estime qu’aujourd’hui, c’est à la profession de gérer ses commissions (commission de discipline, commission de lutte contre l’exercice illégal, commission de formation, commission de contrôle de la qualité…). Cependant, il a noté que toutes ces commissions paritaires sont actuellement entre les mains du CNC (Conseil national de comptabilité). Il convient de noter que le ministère de tutelle est favorable aux trois propositions, notamment à l’unification. Le commissaire aux comptes a affirmé que la loi 91.08, qui avait unifié les trois corps, avait bien fonctionné, mais a été abandonnée. « Après tant d’années, nous ne voulons pas revenir en arrière, car beaucoup de choses ont changé. Il faut innover, car le métier de comptable n’est plus seulement un métier de chiffres ; il s’agit désormais de participer à la vision de l’entreprise et à sa performance, tout en l’accompagnant dans ses stratégies de développement ». Sur un autre sujet, il a évoqué la situation précaire de la chambre nationale des commissaires aux comptes, actuellement logée dans un espace restreint composé de deux bureaux et deux collaborateurs. « Une corporation de 3.000 membres devrait être soutenue par au moins 40 personnes. Nous vivons dans une misère totale, bien loin de ce qui se fait ailleurs. Ce n’est pas seulement à cause d’une économie en difficulté ou de l’absence d’un plan de charge. Le PIB de l’Algérie avoisine les 300 milliards de dollars. Cette misère provient de l’intérieur de la profession, due à un manque de vision et de perspectives de développement », a conclu notre interlocuteur, qui n’a pas nié qu’il existe une résistance au niveau central, où certains professionnels souhaitent maintenir le statu quo, au point que même les locaux exigus et mal aérés, qui ne répondent plus aux exigences de fonctionnement, leur conviennent, car ils détiennent une part importante du marché, certains vivant même à l’étranger. Le président de la rencontre, Mohamed Yahiaoui, a plaidé pour la modernisation de la gestion de la profession afin d’en offrir une meilleure image, car cela reflète l’image du pays. « Nous nous demandons parfois pourquoi les politiques économiques n’ont pas été efficaces sur le terrain. Je peux dire simplement que l’expert-comptable et le commissaire aux comptes n’ont pas joué leur rôle de courroie de transmission. Nous avons l’un des meilleurs codes des investissements de la zone MENA en termes d’avantages et de compétitivité, ainsi qu’une économie très importante.

Faouzi Senoussaoui

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