Le 54e derby de l’Est du pays n’a pas offert un spectacle mémorable. Les 22 acteurs ont déçu les puristes, laissant les amateurs de beau jeu sur leur faim. Le sort de ce pseudo-match, disputé sur la pelouse impeccable du stade Chahid Hamlaoui a été scellé dès la première mi-temps. Celle-ci a été marquée par trois buts, un jeu moyen, et d’innombrables erreurs de la formation sétifienne, loin du niveau attendu. Profitant de la fébrilité des Noir et Blanc, sans fond de jeu clair ni cohérence, les partenaires de l’infatigable Dib prennent l’avantage dès les premières minutes. Suite à une monumentale erreur d’Olodapo, Belhoucini récupère le ballon (6e minute) et sert un caviar à Tahar Fatehallah, qui n’a aucun mal à trouver le fond des filets de Bousder. Jouant par intermittence, les Ententistes sans grande conviction ni la « grinta » nécessaire en de telles circonstances, tentent d’inquiéter la défense adverse sans succès. Malgré une tentative de Mouley (13e minute) qui manque de peu de surprendre Bouhalfaya, l’égalisation arrive finalement à la 21e minute sur un exploit individuel de Bacha, l’ancien de l’USMA, qui met en difficulté les défenseurs du CSC en confectionnant du beau football. L’égalisation des Noir et Blanc incapables de gérer un résultat ne décourage pas les locaux, qui enchaînent les belles séquences collectives. Soutenus par leurs latéraux, les Constantinois reprennent l’avantage à six minutes de la pause, Belhoucini (39e minute) transformant avec succès un centre de Baouche. La défense sétifienne, avec Ferhani (responsable directe des buts encaissés) et le duo central Chaabi-Boubakeur, se montre fébrile, un manque de rigueur qui coûte cher à l’Aigle Noir, victime des choix tactiques discutables du coach et du faux casting de l’intersaison. Le pressing intense des hommes de Madoui, concentrés et motivés, accentue les difficultés des Ententistes, privés d’un vrai meneur de jeu. Positionné en pointe, Mouley, hors de forme, peine à se montrer utile à l’équipe, accumulant les erreurs techniques. La seconde mi-temps, traditionnellement celle des entraîneurs, n’offre pas de surprise. Contrairement à son homologue du CSC, détenteur de la deuxième étoile africaine avec l’ESS, Bendris manque son coaching. Ses changements restent inefficaces et le remplacement (45e minute) du remuant Bouchama par Chikhi, qui n’a joué que 25 minutes en cinq matchs, intrigue les observateurs. De même, l’incorporation tardive (88e minute) de Jiddou à la place de Mouley, transparent sur le terrain, suscite des questions. Pas du tout judicieux, l’utilisation et les choix de joueurs, comme le maintien de Kossi sur le banc alors que le Malien Diarra évolue en réserve, influencent négativement le rendement et les résultats de l’ESS, en plein doute. La frappe de Ferhani qui touche le poteau (75e minute) ne doit pas occulter les lacunes collectives et individuelles de l’Aigle Noir qui échoue dans un stade vide. Les Constantinois, bien qu’en baisse de régime, profitent du jeu désordonné et passif de leurs adversaires pour gérer à leur guise une seconde mi-temps terne, insipide et techniquement médiocre.
Plutôt que de faire son mea culpa, le coach ententiste accuse l’arbitrage, réclamant un penalty inexistant pour Hadji en fin de match. Annoncé lors du traditionnel point de presse d’après match, son « satisfecit » n’augure rien de bon pour l’Aigle Noir filant un mauvais coton. En somme, cette fuite en avant, menée par un manager général qui a échoué à réaliser le recrutement « judicieux et ciblé » promis, risque de faire encore plus de mal à l’ESS si elle persiste. Pas du tout exempt de reproche, le propriétaire du club sétifien, dont la situation inquiète au plus haut point ses fans, ne devrait pas faire comme si de rien n’était. Afin de mettre un terme à une « hémorragie » ne disant pas son nom, le propriétaire est appelé à mettre un terme à la piètre copie du détenteur de la « carte blanche », du coach et de toute l’armada de « coordinateurs », grassement payés pour des résultats décevants. Il faudra rapidement rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard.
Kamel Beniaiche
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