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Crise à l’assemblée communale de Sétif : Révocations et tensions au sommet

La crise latente au sein de l’Assemblée Populaire Communale (APC) de Sétif a récemment fait ses premières « victimes ». Sur proposition du premier magistrat de la ville, le wali a, en fin de semaine dernière, acté la révocation de deux membres de l’exécutif communal. Ainsi, Hani Boudjemline, ancien bras droit du maire, a été démis de ses fonctions de vice-président chargé du développement. Farid Bekkar, responsable de la commission de l’hydraulique, de l’agriculture et de la pêche, n’est également plus à la tête de cette structure. Selon un membre de l’assemblée où règne un climat délétère, le remplacement de ces deux « déchus » nécessitera le « quitus » de la majorité. La prochaine session de l’assemblée s’annonce donc, pour le moins, « mouvementée » pour ne pas dire houleuse. Bien qu’aucun nom officiel n’ait encore filtré de l’hôtel de ville, où la communication reste verrouillée, certaines rumeurs évoquent Sami Khelfaoui, élu et cadre communal impliqué dans la gestion des espaces verts, comme possible successeur de Hani Boudjemline. Ce dernier aurait été évincé pour avoir quitté le groupe du parti unique historique afin de rejoindre l’« opposition ». Nous avons essayé de joindre le premier magistrat de la ville pour connaître sa position et sa version des faits, en vain. « Pour tirer les choses au claire, nous n’avons aucun problème personnel avec le président de l’APC. Nous ne demandons pas la lune mais des éclaircissements sur bon nombre de sujets inhérents à la bonne marche du service public. Nous n’avons aucune information sur les programmes inscrits et les opérations en souffrance. Dire que le mandat est presque terminé. On a le droit de parler de la gestion des cantines scolaires à travers la commune, de la mise en œuvre du plan de circulation de Sétif qui a tous les atouts pour redécoller… On n’en sait rien du dossier du marché couvert. A travers les idées de tout un chacun, on ne peut trouver une solution au cinéma Variété. Malheureusement, il refuse toutes nos propositions. Le sort de la ville est l’affaire de tous ses enfants. Comme la charité commence par soi-même, le siège de l’hôtel de ville attend une réhabilitation devant permettre aux fonctionnaires de travailler dans de bonnes conditions », souligne un élu du RND. Un cadre de l’ancien parti unique, s’exprimant sous couvert d’anonymat, révèle que « les querelles internes à la commune de Sétif trouvent leur origine dans la guerre de tranchées qui fait rage au sein de la mouhafadha du FLN, le tout payant cash la politique de la terre brûlée prônée par l’ancien président de la commission provisoire, qui jette ses dernières cartes ». Selon lui, ce dernier, convoqué hier, samedi 26 octobre, devant la commission de discipline du parti à Alger, cherchait à « faire le plus de dégâts possibles avant de partir » et serait l’un des instigateurs du sit-in des « militants » qui devait se tenir hier devant la mouhafadha. « Au lieu de régler leurs différends en interne, ces individus tentent de déstabiliser la municipalité du chef-lieu de wilaya et de porter atteinte à l’avancement des projets de développement de la ville, qui n’a pas besoin de telles pratiques. Ces pseudo-frondeurs nuisent non seulement au parti, mais fragilisent également son groupe au sein de la commune, embourbée dans une cacophonie sans fin », ajoute-t-il.

Les sénatoriales en toile de fond

Notre source martèle que « cette situation est la conséquence directe du nomadisme politique et du recrutement de militants de dernière minute. On ne peut pas transformer en un militant du FLN un élu recruté en 2021 ou 2022. L’histoire se répète : la municipalité retrouve les mêmes manigances et coups bas qui ont marqué les derniers mois du précédent mandat, marqué, faut-il le rappeler, par des querelles sans fin. Certains frondeurs, dont des élus du FLN bien connus de tout le monde, veulent occuper le poste de président de l’APC de Sétif. L’intérêt général et les affaires des citoyens ne sont que des préoccupations secondaires pour eux. C’est la triste réalité ». Notre interlocuteur, bien informé des dessous de cette crise qui secoue l’hôtel de ville, pointe du doigt les prochaines élections sénatoriales comme une des causes de cette agitation : « Le tumulte qui secoue l’institution n’est pas fortuit. Comme le P/APC est potentiellement candidat au poste de sénateur, sa probable succession suscite de nombreux remous et des « convoitises ». Cette période est propice à des alliances contre nature. Si cette crise perdure, elle affaiblira davantage le groupe du FLN, qui ne détient pas la majorité des sièges à l’assemblée. Avec la récente défection d’un membre vers le RND, le groupe FLN se retrouve avec seulement neuf sièges, à égalité avec le RND et HMS, les fers de lance de l’opposition ». « Soutenue par El Moustakbel (sept sièges), Sawt Echaab (cinq sièges) et El Bina (quatre sièges), notre majorité s’érode progressivement. La suite des événements sera ardue, aussi bien pour l’assemblée que pour les affaires des citoyens, les principaux dindons de cette farce », conclut notre interlocuteur, attendant avec impatience les résultats de la commission nationale de révision des codes communal et de wilaya, récemment instaurée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, plaçant les collectivités locales au cœur des politiques économiques nationales.

Kamel Beniaiche

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