En quelques jours, la Grande Mosquée d’Alger a pris un tout autre visage. Les jardins verdoyants de cet immense édifice religieux, qui domine la mer méditerranée, accueillent depuis plusieurs jours de nouveaux aménagements : de grands chapiteaux blancs, couvrant des tribunes et estrades multicolores, dissimulent désormais le gazon soigneusement tondu, tandis que des centaines de mètres de tapis rouges ornent les allées de l’enceinte. La troisième plus grande mosquée du monde s’apprête ainsi à recevoir, le vendredi 1er novembre prochain, des invités de marque, sous la conduite du chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, pour ce qui s’annonce déjà comme le plus grand défilé militaire depuis l’indépendance du pays. Pour se rendre compte de l’ampleur de cet événement, il suffit d’emprunter certains axes d’accès à la capitale, notamment depuis l’ouest et le sud du pays : de longs convois de chars, blindés et autres équipements militaires convergent vers la capitale. Dans la rade, des dizaines de navires militaires de toutes tailles attendent le jour J, tandis que dans le ciel, des avions militaires de différents modèles survolent la zone de célébration, créant un bruit incessant, sous les yeux impressionnés des passants. Afin de préparer au mieux l’événement et de renforcer la sécurité des lieux, les autorités de la wilaya d’Alger ont décidé de fermer la voie express reliant le centre-ville à l’est du pays, déviant ainsi la circulation routière vers d’autres axes. Dès la matinée d’hier lundi, pratiquement toutes les routes menant vers et depuis le centre d’Alger étaient saturées. Des images de centaines de voitures bloquées dans la circulation ont largement circulé sur les réseaux sociaux. « Cela fait deux heures que je suis coincée sur la Rocade Sud. Je n’arriverai jamais au travail à l’heure », témoigne Djamila, fonctionnaire, contactée par téléphone. Un autre automobiliste raconte avoir patienté quatre heures pour parcourir quelques kilomètres et n’être arrivé à son travail qu’après 11 heures du matin. Ces embouteillages sont tels qu’ils se sont propagés dans presque toutes les communes de la banlieue. À Aïn Naadja, pourtant éloignée du centre-ville, les ruelles et rues des quartiers de cette commune, parmi les plus peuplées du pays, étaient quasiment saturées toute la matinée. La même situation a été observée un peu partout, avec des perturbations dans la circulation routière qui ont également affecté les autres moyens de transport. Ainsi, les stations de métro d’Alger ont été littéralement prises d’assaut par des centaines de citoyens cherchant à éviter les bouchons, mais cela a engendré des bousculades dans les stations de métro, aux arrêts de bus et de tramway, ainsi que dans les gares ferroviaires. Face à cette situation, de nombreux citoyens ont appelé les autorités à permettre aux salariés et étudiants de rester chez eux en cas d’impossibilité de déplacement. « À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle : il aurait été préférable d’accorder un congé spécial aux citoyens pour leur éviter ces désagréments », note le Dr Lyès Merabet, médecin et président du Syndicat national des praticiens de la Santé publique (SNPSP), sur sa page Facebook. Malgré ces désagréments, de nombreux citoyens estiment que cela « en vaut la peine », puisqu’ils auront la possibilité d’assister vendredi à un défilé militaire impressionnant, qui mettra en lumière les capacités de l’Armée Nationale Populaire (ANP), l’une des grandes fiertés du pays. De plus, les vacances scolaires, qui débutent demain mercredi, devraient atténuer quelque peu le trafic routier.
Akli Ouali
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