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Allégeance

Comme il fallait s’y attendre, le président français, Emmanuel Macron, ne s’est pas encombré de formules alambiquées pour acter, hier mardi, devant le parlement du Maroc, où il entamait une visite de trois jours, son allégeance à la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental. Si ce pathétique ralliement, qui rabaisse la « patrie des droits de l’homme », n’est pas nouveau, car officiellement consigné dans sa lettre à Mohamed VI du 30 juillet, Macron a fait une promesse potentiellement dangereuse. Il s’est en effet engagé à joindre un acte économique à ce geste politique, via des « investissements » français pour le « développement de cette région ». Dans la bouche du locataire de l’Élysée, cette promesse est loin d’être une parole en l’air. Devant des parlementaires marocains ravis, qui l’ont applaudi à tout rompre, le président français a déclaré : « Je le dis ici aussi avec beaucoup de force : nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales. » En un mot comme en mille, la France de Macron annonce solennellement qu’elle va fouler aux pieds les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, stipulant le droit du peuple sahraoui à son autodétermination. Mais surtout, selon l’avis de la Cour de justice européenne (CJUE), qui a décrété expressément que le territoire de la République sahraouie est distinct de celui du Maroc et qu’il n’est de ce fait pas concerné par l’accord d’association. La France de Macron est donc clairement en porte-à-faux avec à la fois les Nations Unies et l’Union européenne. Tout cela juste pour faire plaisir à son ami le Roi et engranger des marchés juteux au profit des entreprises du CAC 40. Plus grave encore, Macron prend le risque de se mettre définitivement à dos un puissant partenaire comme l’Algérie. Hier à Rabat, il a essayé de se racheter, glissant que « cette position n’est hostile à personne », dans une allusion évidente à Alger, qui soutient sans réserve le Front Polisario dans son combat pour l’autodétermination. Mais vu d’ici, cet alignement désormais solennel de Paris sur la thèse marocaine met les relations bilatérales entre guillemets. Faut-il rappeler que l’Algérie a réduit sa représentation diplomatique au strict minimum, après avoir rappelé son ambassadeur ? Avec le discours de Macron d’hier, dans lequel il s’est engagé à faire en sorte que la France « accompagne le Maroc dans les instances internationales » dans sa volonté de consacrer la colonisation du Sahara Occidental, la rupture est quasiment consommée. La brouille algéro-française prend dorénavant l’allure d’un épais brouillard qui rend la visibilité quasi nulle.

Par Iman B.

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