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Développement socio-économique : Une dynamique en dent de scie à Oum El Bouaghi 

La wilaya d’Oum El Bouaghi connaît une croissance contrastée malgré les investissements massifs consentis depuis 2010. Si certaines zones urbaines ont connu un essor significatif, d’autres localités demeurent à la traîne, révélant des disparités territoriales importantes dans cette région à forte vocation agropastorale. Dotée d’une surface agricole utile de plus de 360.000 hectares, dont une faible portion irriguée, la wilaya concentre l’essentiel de sa main-d’œuvre dans le secteur agricole. Les statistiques officielles placent ce secteur en tête des employeurs, devant l’administration, les services, les travaux publics et la petite industrie. La dernière décennie a vu émerger des progrès notables dans plusieurs domaines. La modernisation des axes routiers, la distribution de milliers de logements et la création de nouveaux pôles urbains ont transformé le paysage urbain. L’extension de l’université, le renforcement des capacités hydriques et l’amélioration des infrastructures publiques témoignent également de cette dynamique de développement. Cependant, cette évolution masque des réalités plus complexes. Sur les 29 communes que compte la wilaya, la majorité affiche un déficit budgétaire chronique. Les localités de Belala, Djazia, Aïn Dis et Bir Chouhada accusent particulièrement ce retard de développement. La situation géographique de certaines zones, comme Aïn Beïda, constitue un frein au développement économique, contrairement à Aïn M’lila et Aïn Fakroun qui connaissent une meilleure dynamique. Le chef-lieu de wilaya, Oum El Bouaghi, a certes bénéficié d’un développement constant, mais les mutations sociales génèrent de nouvelles exigences. La mise en place du gaz naturel dans des zones autrefois délaissées, le développement des réseaux de communication et la diversification du transport ont amélioré le quotidien des habitants. Néanmoins, ces avancées ne suffisent pas à masquer les dysfonctionnements persistants dans divers domaines. Le marché de l’emploi illustre cette situation. Le nombre de chômeurs augmente chaque année avec l’arrivée de nouveaux diplômés universitaires et de sortants des centres de formation. On observe parallèlement un désintérêt croissant des jeunes pour les métiers manuels, notamment dans le secteur du Bâtiment, Travaux Publics et Hydraulique (BTPH). La wilaya compte actuellement six centres urbains, sept centres semi-urbains et seize localités rurales. Cette répartition territoriale complexifie la gestion des ressources et le développement équilibré de la région. La majorité des communes peinent à exploiter leurs ressources propres et à créer des espaces productifs autonomes. Face à ces défis, les autorités publiques interviennent régulièrement pour assainir les situations financières et éponger les dettes communales. Les experts s’accordent sur l’importance d’établir une gestion transparente, de privilégier des investissements productifs et d’optimiser l’exploitation des ressources tant matérielles qu’humaines pour garantir un développement social durable. L’amélioration de l’image de marque de la wilaya au cours de la dernière décennie ne peut occulter ces défis structurels. La réussite du développement futur dépendra de la capacité des autorités locales à équilibrer croissance économique et équité territoriale, tout en répondant aux besoins croissants d’une population en constante évolution.

Nasreddine Bakha

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