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D’Arris à Théniet El Abed : Novembre 1954 n’est pas tombé du ciel

A l’image de toutes les histoires écrites par les peuples souvent aux prix de sacrifices incommensurables, celle de l’Algérie a été visitée par les négationnistes et les révisionnistes. La démarche empruntée par ces historiens, impliqués ouvertement dans des opérations politiciennes aux objectifs troubles, vise à enlever tout mérite révolutionnaire à ces pionniers des Djebels, qui ont osé prendre les armes contre une des armées les plus puissantes de l’époque, en distillant d’une manière sournoise et vicieuse l’idée que le déclenchement de la lutte de libération nationale, le 1er novembre 1954, serait le résultat d’un hasard de l’histoire, et non le fait d’hommes déterminés à se libérer du joug colonial quel qu’en était le prix. Cette procédure financée en sous-traitance par des parties néocoloniales n’ayant pas perdu l’espoir de prendre leur revanche sur l’une des révolutions les plus retentissantes de l’ère moderne a été rejointe par de prétendus intellectuels, dont certains n’ont pas hésité à reconnaitre indirectement les « bienfaits » du colonialisme à travers des œuvres qui n’en donnaient pas l’air. Entre « la nuit a peur du soleil », film algérien réalisé au début des années 1970 et « ce que le jour doit à la nuit », roman écrit trente ans plus tard par un Algérien, il y’a plus qu’une nuance ; ce sont deux attitudes opposées et deux lectures d’une histoire qui a marqué l’histoire ! Novembre n’a pas été écrit par des extraterrestres. Il n’est pas tombé du ciel. Il est sorti du fin fond des Aurès, de Théniet El Abed, jusqu’à Aïn Zaâtout en passant par Arris. Des Français de souche avait bien saisi la portée de cette révolution à l’image du docteur Pierre Chaulet, qui avait vite compris et n’a pas tardé à le démontrer en ouvrant son cœur à l’appel d’un peuple décidé à s’affranchir de la tutelle oppressive du colonialisme. A l’inverse d’un grand nombre de ses compatriotes aveuglés par un sectarisme sans nom, Pierre Chaulet ne s’est pas laissé prendre au piège de l’Eurocentrisme primaire. Il a combattu et pris le dessus sur ses égoïsmes grâce à son sens inné des valeurs humaines. Il avait fait un choix qui répondait à de profondes convictions nourries par une riche carrière en médecine à travers laquelle, il n’a pas tardé à saisir toute la portée du combat pour la vie. Le 1er novembre 1954 est l’aboutissement d’un long processus, lui-même né en opposition à un génocide sans nom. Il suffit de lire ce court passage extrait du livre L’Algérie en guerre de l’historien Mohamed Teguia pour s’en convaincre. « Nous ouvrons le feu, dans la masse, au jugé. Puis comme plus on va, plus on découvre de morts, les commandants de compagnies finissent par nous donner l’ordre d’abattre tous les arabes qu’on rencontre (…). Vers 19 heures, on se retrouve avec plusieurs centaines de prisonniers (…). A 6 heures, le lendemain, tous les fusils-mitrailleurs et les mitrailleuses sont alignés devant la masse des prisonniers, qui commencent aussitôt à hurler. Mais on ouvre le feu : dix minutes après, c’est pratiquement fini. Il y’en a tant, qu’il faut les enterrer au bulldozer ».

Mohamed Mebarki

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